Albus Conseil
 LE MAGAZINE

Stop au management par les valeurs

Stop au management par les valeurs
Stop au management par les valeurs

/Interroger sa posture managériale

Ils n’ont que ça à la bouche : sportifs et commentateurs, formateurs et responsables RH, managers et consultants. « j’ai des valeurs », « il faut des valeurs pour réussir »… Et bien souvent, on se retrouve à découvrir qu’il est mieux d’être honnête, intègre, solidaire, respectueux, que truand, vicieux, arriviste et manipulateur ! Utilisons les valeurs comme elles doivent l’être : PEU !


Une mode bien pensante

Nous vivions dans un système économique très dur, parfois violent, c’est un fait. Face à cette machine qui n’a ni cœur, ni âme, se développe depuis des années maintenant une industrie des valeurs ; une pensée dominante qui serait un rempart au capitalisme débridé.

Alors on invite les anciens rugbymans, sport à valeurs s’il en est ; on placarde des grands mots, respect, intégrité, engagement, avec des définitions enflammées ; on se targue dans les entretiens d’embauche ou dans les discours de sa très grande moralité.

Ce mouvement est particulièrement fort ces dernières années avec les dispositifs anti risques psycho-sociaux. Les organisations s’habillent de blanc, mais continuent de créer des relations internes désincarnées (clients - fournisseurs) basées sur une batterie d’indicateurs assortis d’objectifs toujours plus ambitieux.

Nous ne pensons pas que ces opérations sont pensées avec cynisme. Il faut reconnaître que, pour un DRH, s’attaquer à l’immoralité d’un système tout entier paraît compliqué ; il est donc plus simple et « déjà pas mal » d’afficher une charte des valeurs.

Afficher des valeurs est une bonne intention, mais elle met dans une position impossible :

  • Soit vous en parlez beaucoup, souvent et du coup, vous êtes un terroriste des valeurs
  • Soit vous en parlez peu ou pas, et vous provoquez l’effet inverse (« Quand on voit ce qui est affiché et ce que l’on vit au quotidien… »)

Chez ALBUS, nous pensons qu’il est possible de faire mieux ; à condition de se débarrasser de mots trop lourds à porter.

Quand la valeur est omniprésente, elle devient oppressante, vide de sens et souvent délibérément contournée. Le film « American Beauty » en montre un exemple parfait… Et terrifiant. 

 

Les valeurs s’incarnent mais on ne manage pas aux valeurs

L’affichage des valeurs est suspect : à l’instar des républiques qui ne sont jamais aussi peu démocratiques que quand elles l’affichent dans leurs noms (RDA, RDC), les entreprises ne sont pas respectueuses et intègres seulement parce qu’elles l’affichent.

Les valeurs sont indispensables dans la vie de l’entreprise, et dans la vie en société en général, mais leur adoption et leur respect est une longue quête. Le père ou la mère qui veut apprendre l’honnêteté à ses enfants ne lui répète pas à longueur de journée « sois honnête » ; ils tâchent de l’être eux-mêmes ; montrent des cas concrets de choix dits honnêtes ; réprimandent les trop grands écarts.

Quand la valeur est omniprésente, elle devient oppressante, vide de sens et souvent délibérément contournée. Le film « American Beauty » en montre un exemple parfait… Et terrifiant. 

Il en va de même dans l’entreprise. Il est bon qu’un manager soit honnête, intègre, respectueux et qu’il vise l’excellence. Mais lorsqu’il en fait l’alpha et l’omega de sa relation aux autres, il devient autoritaire, dur, intolérant, parfois injuste. Pourquoi ? Parce que les valeurs sont l’âme du management, pas son outil. Le management consiste d’abord à s’intéresser aux autres ; manager aux valeurs, c’est partir de soi et de ses certitudes. Le management, c’est l'art du compromis ; manager aux valeurs, c’est apporter des réponses dogmatiques. Lincoln a prolongé une guerre pour en finir avec l’esclavage… Est-il un homme de valeur ? Oui. Qu’aurait-il fait si la valeur «on ne tue pas son prochain » lui avait dicté sa conduite de bon chrétien ?

 

Pour réintroduire les valeurs dans les entreprises d’aujourd’hui, il faut simplifier

Nous n’avons pas renoncé aux valeurs ; nous avons renoncé à les promouvoir directement.

Pour moraliser la vie en entreprise, il faut aussi la rendre plus simple, plus lisible, plus saine.

Les valeurs d’une entreprise doivent exister, mais ne pas être affichées telles qu’elles. Une fois les valeurs choisies (en réalité, elles sont moins choisies qu’héritées), elle doivent irriguer le projet managérial, l’imprégner partout, être le socle des décisions du Codir ; chez BUT, le nouveau directeur d’exploitation a décidé de remettre l’autonomie et la responsabilité au centre, il n’a pas dit « demain soyez plus responsables ». Il a changer le système d’animation, en diminuant les obligations pour que s’exprime la responsabilité. Pour moraliser la vie en entreprise, il faut aussi la rendre plus simple, plus lisible, plus saine.

Le mois dernier, nous prônions la simplicité et la transparence des salaires ; ça va dans le bon sens. Pendant qu’on y est, il faut diminuer les contrôles, faire à nouveau confiance. Dans les entreprises où la confiance est rétablie, il est inutile d’afficher « respect » dans les salles de réunion, ça devient naturel.

Les entreprises doivent créer les conditions d’une collaboration performante entre tous ; elles doivent proposer une quête collective, conquérante et positive ; elles doivent augmenter la transparence sur leurs fonctionnements et leurs données pour que les individus s’épanouissent et puissent se concentrer sur la performance sans écraser les voisins.

 

Ainsi, non seulement, les valeurs des individus (plus que les vôtres) pourront s’exprimer, mais la performance sera en hausse ; le tout, en un seul élan.

 

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