Albus Conseil
 LE MAGAZINE

Parions sur les bonnes intentions des autres

Parions sur les bonnes intentions des autres
Parions sur les bonnes intentions des autres

/Gérer les relations

Lever le nez du guidon, c’est plus dur que d’accuser les autres. 

Dans la frénésie qui fait loi, il serait bon simplement de prendre du recul et de regarder la situation avec sang froid. Sauf que cette évidence est un voeu pieux. Les managers nous font remarquer, parfois avec dureté, que si on était à leur place, on verrait à quelle pression ils sont soumis, et que vraiment ils sont sous l’eau. Les bonnes résolutions du type 1h pour soi chaque semaine ou chaque jour sont rarement tenues, sauf par ceux qui ont toujours su les préserver (il en existe, si si).

Parce qu’évidement, prendre la décision de s’arrêter pour analyser la situation sereinement, c’est déjà une grosse prise de recul. Bref, c’est un conseil qui n’a d’effet que pour ceux qui n’en n’ont déjà plus besoin.

Dans les autres cas, la malveillance des gens, des actionnaires, des grands patrons, des collègues est l’hypothèse : elle explique tout facilement et évite d’arriver à la conclusion qu’on a agit inutilement sur tel ou tel point, voire qu’on a franchement fait fausse route. Ça peut paraitre caricatural, mais au quotidien, c’est vraiment frappant de mesurer à quel point le procès d’intention est répandu...


En fait, l’immense majorité des gens a ses propres raisons d'agir

Si vous pouviez abandonner votre rôle quand vous estimez que quelqu’un agit mal, et lui demander de l’extérieur, et naïvement, pourquoi il fait ça, vous découvririez que les gens ont toujours une raison, bonne de leur point de vue.

Souvent, c’est un mot d’ordre assez enfoui : ils veulent que tout soit parfait, ou faire plaisir au plus grand nombre. Ils veulent éviter un conflit, ne pas perdre de temps, ou résoudre le problème quoi qu’il en coûte. Ce sont toutes des intentions compréhensibles mais qui peuvent avoir des conséquences désagréables (ou pire) pour les autres.

Souvent aussi, il y a une différence dans la vision des priorités. On pense que tel élément est plus important que l’autre, et un écart de perception peut vite se transformer en tension, alors que souvent, une  discussion directe permet de trouver une solution simple.

Parfois, on est désabusé après des déceptions répétées et très compréhensibles.

Bref si vous pouviez prendre ce temps, vous verriez que tout le monde a de bonnes raisons d’agir comme il le fait….

Sauf que vous n’avez pas le temps.


Et il suffit de le croire

La chance dans l’histoire, c’est qu’il n’est pas vraiment utile de connaître les raisons des gens dans 80% des cas. Il suffit de croire dur comme fer que cette bonne raison existe et d’agir en fonction de cette croyance.

Parce qu’en vous comportant ainsi, sans forcément demander aux autres de le faire, vous allez avoir plusieurs bénéfices immédiats :

  • Baisse du stress lié à l’agacement vis à vis des autres.
  • Hausse de la qualité des échanges par la baisse sensible des dialogues de sourds.
  • Hausse de l’optimisme par le regard positif posé sur les gens.

C’est techniquement ce que nous appelons le crédit d’intention. C’est une posture, comme le procès d’intention, qui consiste à penser que, dans le doute, les autres ont de bonnes raisons de faire, même quand ils se trompent. C’est surtout de notre point de vue l’attitude la plus payante dans les rapports humains. Pour aller plus loin, je considère même que c’est la trouvaille la plus incroyable que j’ai faite concernant les relations humaines ces 10 dernières années ; une sorte d’arme magique : croire en la bonne foi des gens. Parce que quand les gens sont abordés avec crédit d’intention, ils s’adoucissent, s’expliquent et vous aident à collaborer. 


Et même quand on se trompe, c’est gagnant

Evidemment, ce n’est pas toujours vrai : il y a aussi des malveillants.

Mais d’abord une double question :

=> Allez vous faire votre stratégie relationnelle sur la croyance qu’il faut se méfier, quitte à rater l’occasion de bien travailler avec ceux qui, comme vous, veulent faire avancer les choses ?

=> Ou bien allez vous bâtir cette stratégie sur ceux qui, comme vous, veulent faire avancer les choses, quitte à vous faire avoir de temps en temps ?

L’orgueil peut orienter vers la solution 1 (« moi, je ne me fais jamais avoir ! ») mais le pragmatisme et le bien-être sont du côté de la solution 2.

Moi, je me fais avoir de temps en temps, mais je m’en fous… Parce que c’est rare, et parce qu’en attendant je prends du plaisir à travailler avec presque tout le monde.

C’est le pari de Pascal sur la croyance en Dieu. On ne perd rien à y croire mais on peut y gagner beaucoup. Ne pas croire n’est jamais gagnant.

Idem, pour crédit d’intention et procès d’intention. Le crédit d’intention permet de gagner beaucoup de temps en temps sans perdre plus les autres fois.

Et, même quand vous vous faites avoir, vos alliés (parce qu’avec cette stratégie, on en a plein :-)) ont tendance à vous défendre !

Le crédit d’intention fédère, l’autre divise. Nous avons choisi notre camp, définitivement.

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