Albus Conseil
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Managers cherchent responsabilités...

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Managers cherchent responsabilités...

/Liberté et bonheur au travail

C'est un retournement de situation comme seul le monde de l'entreprise sait les faire. Depuis toujours, les managers cherchent des outils pour responsabiliser leurs équipes : une quête noble. Seulement, nous constatons dans nos missions que le fléau de la déresponsabilisation touche tout le monde, et probablement davantage les managers eux-mêmes que leurs équipes. Managers, et si le temps était venu de briser vos chaînes  ? 

 

Prison en bas, prison en haut

Les équipes que nous croisons lors de nos pérégrinations managériales nous le disent toutes, quelle que soit leur activité ou la taille de leur entreprise, elles ont le sentiment d'un flicage grandissant, d'un management gendarme, d'être infantilisées. 

Et il faut bien admettre que nous les comprenons. Au fil du temps, les modes de fonctionnement des grandes entreprises se sont rigidifiés. À coups de procédures hyper cadrées, d'indicateurs pléthoriques et de plans d'action superposés, les entreprises ont créé une prison d'outils et de systèmes.

Pour les équipes et les managers de terrain, ces contraintes pèsent surtout sur le climat social. Bien sûr, nous pensons que l'autonomie donnée aux équipes est une source extraordinaire de création de valeur, mais admettons que leurs degrés de liberté ayant souvent été très limités, ils ont surtout eu la désagréable sensation de passer de pas grand chose à rien du tout.

Quand on remonte la hiérarchie en revanche, c'est la dégringolade.

Ces mécanismes privatifs de responsabilité ont cruellement vidé les missions managériales de leur substance. Dans les grands groupes industriels, autrefois, la responsabilité du chef d'atelier était grande : définition et amélioration des processus de fabrication, détection et évolution des talents, achats, etc. Aujourd'hui, un directeur d'usine n'a, pour les budgets, que l'autorisation d'écrire exactement ce que l'on attend de lui, on lui dicte aussi ses choix de recrutement et il doit faire des rapports presque quotidiens sur les rendements de ses machines. 


Le serpent qui se mord la queue

Dans ces entreprises, il est devenu vain de rechercher qui est responsable parce qu'il y a toujours quelqu'un qui réglemente le fonctionnement de l'autre (un supérieur hiérarchique, une fonction corporate voir un acteur extérieur qu'il soit certificateur, inspecteur du travail ou consultant).

Et puis le fait de piloter les contraintes de l'autre est, en soi, une contrainte : n'a-t-on jamais vu un responsable se plaindre du nombre de réunions qu'il a lui-même mises en place pour piloter l'ensemble des processus de sa propre entité ? 

 

La surcharge de travail, meilleur ami de la déresponsabilisation 

Les procédures et les contraintes à elles-seules ne permettent pas d'expliquer le triste mais galopant succès de la déresponsabilisation en entreprise. Il est en effet surprenant de constater la relative docilité avec laquelle les managers ont accepté de voir leurs prérogatives dévorées, leurs marges de manœuvre mises en miettes. 

La raison est toute simple : ils avaient autre chose à faire...

Plusieurs managers, passant d'un poste opérationnel à un poste projet, même temporaire, nous ont fait part de leur désarroi et d'un sentiment de vertige dû à cette autonomie retrouvée

La surcharge de travail est probablement la plus redoutable des armes de déresponsabilisation massive. Elle agit comme une drogue sur les managers qui la subissent. Elle détourne le leader de sa responsabilité car elle le saoule de mails, de réunions, de reporting.

Elle est agréable aussi, même si tout le monde s'en plaint, car elle fait passer la journée plus vite et donne à sa victime le sentiment du devoir accompli.

Elle se rend même indispensable chez certains, car un manager qui a un agenda et une boîte mail vides se sent désemparé, il n'a plus l'habitude, il a l'impression d'être inutile.

Plusieurs managers, passant d'un poste opérationnel à un poste projet, même temporaire, nous ont fait part de leur désarroi et d'un sentiment de vertige dû à cette autonomie retrouvée et dont ils ne savaient pas quoi faire. Ils étaient en manque de surcharge.

 

Seul remède, la cure de transgression 

Comme face à toute addiction, il faut d'abord du courage pour s'en sortir. Personne ne s'attend à ce que vous luttiez comme le mouvement inexorable de déresponsabilisation, il va donc falloir provoquer vous-même cette recherche du retour au management responsable.

Prendre des risques ? Voilà le retour de la responsabilité.

Pour cela, vous devrez d'abord redonner de l'air à votre agenda et à ceux des membres de votre équipe. Diminuer les sources de pression qui asphyxient toujours un peu plus les capacités d'initiatives. 

Comme rien ne vous sera donné, il faut gagner ces espaces de liberté. En optimisant vos tâches d'aujourd'hui ? Oui bien sûr, même si le gain sera faible et avec le risque que l'espace libéré soit immédiatement repris par d'autres tâches.

L'arme la plus efficace, c'est la transgression. Vous devez questionner les lois de votre entreprise et remettre en cause celles qui vous semblent inadaptées, inutilement chronophages ou à faible valeur ajoutée. Transgresser implique de prendre des risques, et seuls les résultats obtenus vous permettront de justifier vos choix a posteriori. Prendre des risques ? Voilà le retour de la responsabilité.

Bien sûr, le mouvement de retour à un management responsable est progressif. Nous croyons sur ce sujet à l'efficacité de la tactique des petits pas : pas d'effet d'annonce présentant le retour triomphant du manager-entrepreneur mais des petites victoires successives qui, tenues dans la durée, créeront le cycle vertueux de la reprise en main d'un rôle responsable. Le temps long, lui aussi, est un signe de responsabilité.


Nous savons à quel point le rôle du manager est difficile, nous n'en sommes que plus admiratifs de ceux qui, à tous les niveaux, se battent pour retrouver la responsabilité, seul gage crédible de liberté et d'audace.

 

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