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Paris 2015, luttons contre le CO2 dans le management

Paris 2015, luttons contre le CO2 dans le management
Paris 2015, luttons contre le CO2 dans le management

/Penser le long terme

2015 sera peut-être, espérons-le, historique pour démarrer enfin les grandes manœuvres mondiales de la lutte contre le réchauffement climatique ! Et quel est le grand enjeu de la conférence de Paris ? L’engagement bien sûr, et surtout pas les bonnes intentions ou l’accord de principe… C’est comme dans nos entreprises, la question de passer de la bonne intention aux actes est cruciale. Nous pensons que la solution ne passe pas par le consensus mais par l’antagonisme, le désaccord ! Voyons pourquoi.


Réchauffement climatique, un enjeu consensuel 

Ce qui est le plus rageant dans la lutte contre le réchauffement climatique, c’est que l'idée fait maintenant consensus au niveau mondial. Restent quelques irréductibles Américains, mais plus ceux qui ont le pouvoir ; même les Chinois bougent.

On s’accorde à dire que le réchauffement climatique est le plus grand défi de l’Humanité pour le XXIème siècle. Il peut engendrer guerres, mouvements majeurs de population, maladies, destructions d’espèces… Mais peut-être aussi les plus grandes coopérations entre nations que l’on ait connues. 

Bref, alors que tout le monde est d’accord sur le but, on ergote, on négocie des volumes de rejets et des dates d’inversion de courbe, et finalement on donne le sentiment de passer à côté de l’action.


La solution passera par l’acceptation des désaccords

Le problème est que personne ne veut perdre : on calcule et on fait des concessions pour que chacun garde ses intérêts intacts… C’est une effroyable fuite en avant ! On préserve de petits avantages à l’échelle des siècles par rapport aux difficultés immenses que l’on se promet.


L'envie commune est utopique, la mise sous contraintes aussi

La gouvernance mondiale est trop faible pour signer des accords contraignants : qui punira la Chine ou les Etats-Unis s’ils ne les respectent pas ? Personne.

Un pouvoir qui présiderait vraiment aux destinées de 8 milliards d’humains est soit irréaliste, soit totalitaire.

Non, l’accord contraignant ne doit pas être une cible de Paris 2015. Les pays ne s’y résoudront pas ou alors pour des objectifs très en-deçà de ce qui est nécessaire.

Vouloir poser les bases d'une gouvernance forte n’est pas souhaitable non plus, parce qu’un pouvoir qui présiderait vraiment aux destinées de 8 milliards d’humains est soit irréaliste, soit totalitaire. Les humains sont si différents dans leurs modes de vie et cultures. 

Faire émerger une envie commune (et donc des compromis) est plus enthousiasmant mais tout aussi utopique : parce qu’il n’y a aucune chance que les plus privilégiés renoncent à leur confort et que, par ailleurs, refuser aux pays en développement certains éléments de confort dont nous jouissons est impossible.


Comment dépasser ces égoïsmes ?

Comme les désaccords sont certains et structurels, faisons avec. 

Nous ne devons pas attendre les autres. Les Chinois et les Américains signent un accord ? Parfait, cela va dans le bon sens. D’autres ne font rien ? Tant pis. Ils vont se mettre en marge, voire assisteront à la fuite de leurs élites ; c’est vraisemblablement une des motivations de la Chine qui constate que ses villes deviennent invivables.

C’est une seconde révolution industrielle qu’il faut lancer.

Ce n’est pas une convergence qu’il faut encourager mais des efforts tous azimuts. La question de la protection de notre planète est celle des expériences et de l’audace. C’est une seconde révolution industrielle qu’il faut lancer, un chemin dont on ne connait pas vraiment la nature mais qui conduira à la fois à des conditions de vie meilleures pour les plus pauvres et des modes de vie plus sobres pour les plus riches.

Aussi, Paris 2015 pourrait être une foire aux initiatives plutôt qu’un round de négociation. Et donc une scène pour les rebelles, les non alignés. 

On le voit déjà d’ailleurs : la France a baissé ses émissions de 12% depuis 2000. Les Danois surtout n’attendent pas des accords mondiaux pour faire ce qu’ils pensent juste. Alors certes, le Danemark seul ne changera rien mais en agissant comme ils le font, ils montrent que c’est possible, sans renoncer à leur mode de vie.

Le Danemark a été classé pays le plus vertueux du monde par un collectif de 700 ONG (qui note toutefois ses efforts encore insuffisants). La particularité du Danemark tient en 3 points :

  • Politiquement, ils ont pris des engagements au-delà de toutes les contraintes mondiales et européennes.
  • Économiquement, ils ont développé une stratégie commerciale axée sur le domaine des économies d'énergie pour concilier croissance et diminution des rejets.
  • Socialement, ils concentrent leurs efforts sur le point faible (les transports routiers) et demandent des efforts à tous, simultanés et hyper concrets.


En entreprise, idem : Sus à l’alignement !

Dans les entreprises, on vit quotidiennement ce double paradoxe :

  • Des grandes phrases sur le leadership d'un côté et de l'autre, des organisations et des processus toujours plus contraignants.
  • Un rêve de l’initiative mais tout autant de l’alignement des équipes.

Nous arriverons à faire bouger les entreprises si nous revalorisons le non-alignement, les marginaux, les rebelles plus que les soldats.

L’alignement des équipes... cette expression seule nous fait frémir ! L’alignement est une posture d’attente, défensive. Il faut encourager le mouvement. Cela nécessite un cap clair (comme la lutte contre le réchauffement) mais aussi du désordre et des désaccords. Jacques Attali le montre dans un brillant essai qui fait éloge du nomadisme par rapport à la sédentarité (L’Homme Nomade) : les nomades ont créé les plus grandes nouveautés parce qu’ils sont en conquête versus les sédentaires qui cherchent à préserver.

Bien sûr, le nomadisme s’entend maintenant au niveau intellectuel plutôt que géographique mais l’on comprend le parallèle avec notre sujet : nous arriverons à faire bouger les entreprises si nous revalorisons le non-alignement, les marginaux, les rebelles plus que les soldats.

Concrètement, "faire du Danemark" dans nos entreprises c’est :

  • Collectivement, affirmer un cap commun.
  • Individuellement, faire choisir une cause et une seule à chacun (ou à chaque équipe). Une cause qui enthousiasme et contribue au cap. Ensuite la cause se divisera en combats adaptés, concrets, inscrits dans le temps et valorisés pour eux-mêmes et pas dans une compétition avec les autres.

Au fond, plutôt que le dogme de la compétition qui pousse à être premier mais pas toujours à se dépasser (si le second est très loin, pourquoi continuer à accélérer ?), le Danemark propose l’émulation dans lequel la comparaison se fait avec un rêve, une ambition par rapport à laquelle chaque pas, petit ou grand, peut avoir sa valeur.

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