Albus Conseil
 LE MAGAZINE

Vive les projets peu ficelés !

Vive les projets peu ficelés !
Vive les projets peu ficelés !

/Manager le changement

« Voilà à peu près où je veux aller », « l’idée en gros c’est ça… », pour un manager ou un pilote de projet ça ne fait pas très sérieux. Une chose est sûre, ça n’est pas dans nos habitudes et on n’aime pas ça ! Et pourtant, c’est peut-être là, dans le flou, que se trouve la clef de la réussite. 


On cadre bien, on ficèle tout, et ensuite on communique même si ça va à l’encontre du bon sens

« Ton projet a l’air pas mal mais ça reste assez vague, fais-moi un plan détaillé sur les deux ans à venir pour voir comment ça va se traduire ». Pour ne pas entendre ça, on a pris l’habitude de blinder nos idées et nos projets. Un projet naissant doit être accompagné d’un planning, de KPI etc. alors même qu’on ne s’est pas forcément mis d’accord sur l’idée principale. Et puis, si ça ne marche pas, on met tout à la poubelle et on recommence.

C’est un peu comme si on demandait à un bébé de naître avec un plan de carrière établi. Ou, plus proche de la réalité, comme les étudiants auxquels on demande un projet professionnel mature avant même l'entrée à l’université et qui inventent quelque chose pour plaire à leur examinateur. Au fond, on sait tous que ça ne veut pas dire grand chose et que c’est une perte de temps mais on le fait quand même. Il faut juste rentrer dans les cases.

C’est aussi le meilleur moyen de démobiliser à l’avance les personnes qui participeront à notre projet. A l’extrême quand les projets sont tout ficelés, les participants n’ont plus pour rôle que d’être des exécutants et adieu l’appropriation !


Pourquoi on fait ça alors ?

D’abord parce que notre conscience professionnelle nous fait honnir l’à-peu-près. Tant mieux, c’est une preuve de professionnalisme.

Ensuite parce qu’on a tous des mots d’ordre, dont une injonction à la perfection. On aimerait que tout ce que l’on fait soit parfait, et donc on ne montre que la partie émergée de l’iceberg, celle qui brille sous le soleil et on cache les rouages de nos réflexions et de nos turpitudes.

Enfin c’est un trait de notre société. On préfère les réponses aux questions. On n'apprécie ni le doute, ni le risque. On aime anticiper et sécuriser nos actions, s’assurer que tout est sous contrôle, d’où la culture des KPI qui prend une place de plus en plus importante.

La sécurisation est d’ailleurs symptomatique de notre système. Imaginons un peu un inventeur qui irait voir son banquier pour lui demander d’investir : « voilà j’ai peut-être une idée, je pense que ça pourrait être intéressant mais je ne sais pas du tout comment faire ». Pas sûr que le banquier lui octroie le prêt escompté. Il y a plus de chance qu’il le renvoie dans ses pénates ou, au mieux, qu'il lui demande de revenir avec un projet plus précis.


Pourtant, le modèle a déjà changé

Au niveau de la création d’entreprise en tous cas, c’est évident. Aujourd’hui quand on a un projet, on n’attend plus qu’il soit prêt à être lancé pour en parler, parce que ça ne marcherait plus, et que de toute façons il va évoluer 100 fois pour s’adapter au contexte. On lance des idées sur le marché alors qu’elles ne sont encore qu’à un stade embryonnaire et on les fait évoluer ensuite. La plupart des nouvelles entreprises ont d’ailleurs vocation à rester en « work in progress » toute leur vie. C’est le fameux « esprit Start-up » !

Pour réussir dans le système traditionnel, ces entreprises le contournent.  D'abord, elles ne passent plus par les banques mais par le crowdfunding en créant une communauté de personnes qui suivent et soutiennent le projet chacun à leur façon, ensuite elles fonctionnent sur des systèmes agiles avec peu de choses fixes qui ne peuvent pas évoluer, elles acceptent de se remettre en question continuellement.

Ça a beaucoup d’avantages ! Et ceux-ci ne sont pas réservés aux fameuses start-up. Lancez des projets non ficelés et vous verrez :

 

Vous perdrez moins de temps

S’il faut changer quelque chose à votre projet, vous pourez le faire et au fur et à mesure et non de manière disruptive, ainsi on gagne du temps !


Vous mobiliserez plus

Comme les entrepreneurs qui utilisent le crowdfunding, vous attirerez des alliés en leur donnant un rôle dès le départ : qu’il s’agisse d’un soutien moral (en faisant de la com' sur facebook par exemple), d’un soutien financier à la hauteur de ce qu’ils veulent donner, ou de la participation à la réflexion. D’ailleurs, peut-être le savez-vous mais beaucoup d’entrepreneurs ont recours au crowdfunding d’abord pour créer une communauté d’alliés, avant de trouver des financements.


Vous pourrez vous adapter

Vous avez un changement de Direction et donc de nouvelles priorités ? Pas de problème, vous gardez votre objectif final en tête mais la façon d’y arriver peut changer du tout au tout.

 

Vous serez plus créatif

Psychologiquement, car on n’a pas peur de se tromper, on a confiance en notre capacité à rectifier le tir.

Logiquement, car on ouvre la réflexion à plus de cerveaux.

Structurellement, car on n’a pas de barrière organisationnelle.

L’esprit start-up dont tout le monde parle n’est pas une question d’âge, de trottinette dans les couloirs ou de design thinking, c’est le fait de pouvoir venir avec une idée à moitié pensée et de dire « viens, si on bosse dessus ensemble, on va créer quelque chose d’extraordinaire ».


C’est donc à votre portée même dans les grandes boîtes !

Quelques exemples :

Si vous êtes managers, décidez d’accepter les nouvelles idées avec enthousiasme quelles qu’elles soient et ensuite cherchez ensemble comment les rendre plus fortes.

Choisissez aussi des KPI qui sont plus qualitatifs que quantitatifs. Est-ce que c’est nouveau ? Est-ce que c’est adapté au client ? etc.

Et puis quand vous menez vos propres projets, n’attendez pas d’avoir l’idée du siècle ou quelque chose de tout ficelé pour intégrer d’autres personnes à la réflexion. Ça demande d’accepter que ce ne soit pas votre projet à vous tout seul mais il n’y a pas de secret, ce n’est que comme ça qu'il deviendra aussi leur projet.

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