Albus Conseil
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La créativité, un gâchis séculaire !

La créativité, un gâchis séculaire !
La créativité, un gâchis séculaire !

/Muscler son management

Y a-t-il un manager qui ne cherche pas à développer l’audace, l’innovation, l’initiative, la remise en question, dans son équipe ? Derrière toutes ses vertus se cache un même moteur : la créativité !

« Ah, si mon équipe était plus créative ! »… Nous avons une conviction : elles le sont toutes ! C’est, comme souvent, un sujet de management.

 

Sois créatif… mais pas trop !

Une majorité de personnes pense qu’elle n'est pas créative ou que peu de gens le sont vraiment. D’autres  disent que la créativité, ça s’acquiert.

Une fois n’est pas coutume, nous ne sommes d’accord ni avec les uns ni avec les autres. Tout le monde est créatif, car l’enfant est créatif : il crée des jeux en permanence, il invente des spectacles et des danses, il dessine des formes qui ne ressemblent à rien de connu.

Malheureusement, l’enfant finit par enfermer sa créativité sous la pression de son environnement. Ses parents qui lui demandent « il est joli ton dessin, ça représente quoi ? » impliquent qu’un dessin doit ressembler à quelque chose de connu. L’école, les autres, le passé, tous ces éléments créent un cadre qui parfois annihile l’invention de l’enfant.

La prison des outils et des systèmes a passé le message que la créativité était réservée aux génies, ceux du haut de la pyramide.

Pour un adulte en entreprise, c’est encore plus dur d’être créatif, car cela ne rentre pas souvent dans les normes. Voyez Gaston, incarnation de l’enfant en entreprise, il est constamment recadré par sa hiérarchie pour ses bourdes et ses retards, mais aussi pour sa créativité. Pourtant, il crée plus de choses que tous ses collègues réunis.

Certaines normes sont utiles bien sûr, on a besoin de règles et de lois pour vivre ensemble sinon ce serait l’anarchie. Mais voilà, le prix à payer c’est notre créativité.

Inconsciemment, voire consciemment parfois, l’entreprise a fini le travail. La prison des outils et des systèmes a passé le message que la créativité était réservée aux génies, ceux du haut de la pyramide.

Résultat, tous les managers s’en lamentent : « Ah, si mon équipe était plus créative ! »


Pour booster la créativité, on tourne autour du pot

Méconnaissant cette idée que tout le monde est créatif, ou en tous les cas que l’enfant qui est en chacun de nous est créatif, les managers utilisent des techniques qui traitent les symptômes sans traiter le problème.

On se forme à la créativité, comme si elle était une compétence, alors qu’elle est un comportement. On apprend des outils et des techniques pour être créatif, ce qui est utile mais seulement dans un second temps, une fois que la créativité est libérée de nos carcans. On met en place des boîtes à idées, comme s’il ne manquait qu’une boîte pour que les idées s’expriment. Et puis on a recours à l’injonction : « soyez créatifs ! » sans se rendre compte qu’elle est contradictoire : fais ce que je te demande en faisant quelque chose que je ne t’ai pas demandé…


Nous déconstruire pour nous redécouvrir

Il faut donc changer le postulat de départ : vous dire que tous les membres de votre équipe sont créatifs, qu'ils n'utilisent plus cette faculté par construction et qu'il faut donc les aider à déverrouiller leurs cerveaux.

Pour cela, nous voyons deux options possibles :

Option 1 : en créant un sentiment d'urgence comme Robin Williams avec Ethan Hawke dans Le cercle des poètes disparus qui le met dans une situation de stress pour qu’il crée un poème sur le moment. En entreprise cela consisterait à proposer un enjeu qui sorte de l'ordinaire et rende nécessaire la créativité et l'audace. Une menace ou une opportunité suffisamment forte.

Option 2 à la manière du pied dans la porte : cela consisterait à leur montrer qu'ils savent le faire sur des sujets peu engageants avant de les mobiliser sur des enjeux plus costauds. A la manière de l'improvisation théâtrale, il faut créer un terrain où l'enjeu est faible, donc la peur de se planter est limitée, et où on peut tester plus facilement sa créativité.

En improvisation, il semble ne pas y avoir de règles. En fait, elles existent pour permettre à la créativité de s'exprimer : acceptation, écoute et lâcher prise. Tout cela est facilité par la possibilité de jouer sans enjeu (même pas la nécessité de faire rire)

Les deux options sont possibles, le choix dépend du contexte. Dans la mise en œuvre de l'une ou l'autre, quelques astuces peuvent aider à la réussite :

  • Séparer recherche de solution et prise de décision : pour que le couperet de la décision n'inhibe pas la créativité. Si vous faites un séminaire au vert par exemple, ne prenez pas de décision sur le vif mais quelques jours plus tard, de retour au bureau.
  • Cadrer (quand même un peu) : donner quelques règles du jeu permet de lancer la machine et diminuer la peur du vide. Par exemple, en invitant vos collaborateurs à proposer quelque chose qui sera extraordinaire pour au moins une partie de leur équipe.
  • Faire du “OUI ET” : vous devez en tant que manager vous mettre en situation de coach (voire matrice boss leader coach), très synergique, axé sur le « OUI » (rassurer, donner confiance, donner envie de faire) et le « ET » (pousser vers un peu plus d'audace, amener le collaborateur à aller au bout de la logique).

Vos équipes ont un enjeu d’autorisation, vous avez un enjeu d’acceptation en tant que manager. Acceptez les actes de créatifs de vos équipes, même s’ils proviennent des « Gaston Lagaffe » du groupe.

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