Albus Conseil
 LE MAGAZINE

Ne soyez pas parfaits !

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Ne soyez pas parfaits !

/Interroger sa posture managériale

Il est étonnant de voir que les managers que nous portons aux nues sont rarement des êtres parfaits : égocentriques, colériques, désordonnés voire carrément fous. Ont-ils plus de défauts que les autres ? Pas sûr. Les assument-ils davantage ? Sans doute. Et c’est là leur force. 

 

Grands leaders = grandes qualités = grands défauts ?

En accompagnant des top managers de grandes entreprises, nous rencontrons des personnes de grande valeur, mais pas des êtres extraordinaires. Ou plutôt nous avons remarqué qu’ils n’étaient pas parfaits… 

Un leader doit savoir utiliser les deux : ses atouts pour gagner, ses défauts pour ne pas perdre (de temps, de confiance, de lisibilité) 

Au-delà de la naïveté de notre croyance voulant qu’il n’y ait que des personnes exceptionnelles à la tête des grandes entreprises, nous avons affiné notre sentiment. Oui, ces leaders ont des qualités rares : de courage, de créativité, d’exigence, d’empathie selon les cas ; mais ils ont des défauts tout aussi remarquables : foutraque ou au contraire d’une rigidité maladive, complexé ou en excès de confiance, habitué des bourdes, etc.  

Nous avons tous des exemples publics de leaders aux défauts abyssaux. De Napoléon à Margareth Thatcher, en passant par Richard Branson, Winston Churchill, Steve Jobs ou Eugène Schueller (le fondateur de L’Oréal), nous avons un catalogue complet de défauts presque caricaturaux.

Peut-être l’un ne va pas sans l’autre, mais je crois surtout qu’un leader doit savoir utiliser les deux : ses atouts pour gagner, ses défauts pour ne pas perdre (de temps, de confiance, de lisibilité) 


Assumer ses défaut, c’est se libérer des contraintes

C’est en essayant de camoufler nos défauts que nous créons des contraintes qui freinent l’action et grignotent la confiance en soi. Les chercheurs en Analyse Transactionnelle ont identifié plusieurs messages contraignants fondamentaux que nous nous imposons.  Notamment ceux-là :

  1. « Sois parfait » : Nous amène à viser la perfection. Comme elle est impossible, nous vivons mal l’échec,  nous sommes déstabilisés par les moindres erreurs et sommes de perpétuels insatisfaits.
  2. « Sois fort » : Nous intime l’ordre de ne pas montrer nos faiblesses, d’être sur la défensive, de nous sentir agressé par la moindre critique.
  3. « Fais plaisir » : Nous pousse à rechercher l’adhésion, le consensus, la sympathie de l’autre plutôt que de regarder à la pertinence de nos actions.
  4. « Fais efforts » : Nous incite à nous justifier en permanence, à prouver que nous fournissons une énergie remarquable… et nous met en obligation de moyens plutôt que dans une obligation de résultats. 

En résumé, ces mots d’ordre que nous nous infligeons pour améliorer notre image nous coûtent du temps, brouillent notre image plus qu’autre chose, nous décrédibilisent parfois. Ils rongent notre leadership en tant que manager.

Bien sûr, le rapport que nous entretenons avec nos défauts est difficile à maîtriser. Tout cela est irrationnel et inconscient. 

C’est en se libérant de ses contraintes, et donc en acceptant d’être imparfait, vulnérable ou vu comme tel, décrié parfois et ne devant rien prouver à personne que par le résultats de nos actions, que nous gagnerons une posture de leader.


Les défauts, on ne les maîtrise pas, on les dompte !

Non, cet article n’est pas un appel à l’autosatisfaction. On peut assumer des défauts ET chercher à s’améliorer ou en limiter les effets néfastes sur les autres. Bien sûr, le rapport que nous entretenons avec nos défauts est difficile à maîtriser. Tout cela est irrationnel et inconscient. 

On devient un grand leader non pas en étant bon partout mais en étant excellent sur certaines qualités, et en utilisant ces qualités au maximum.

Pour commencer, il faut identifier clairement ses défauts. Là-dessus tout existe : 360°, test de personnalité MBTI, coaching, mais aussi retour de son manager. Bien sûr, l’identification de ses défauts est un exercice pénible, émotionnellement. Dites-vous surtout que c’est en les connaissant que vous diminuerez leur emprise sur vous. 

Et si vous croyez déjà les connaître, dites-vous que vous êtes, de votre famille, de vos amis et de vos collègues, celui qui les connaît le moins. Cela demande donc un peu d’humilité et de remise en question. 

Ensuite, il faut en dompter les conséquences sur les autres et sur vous-même. Sur les autres en limitant les dégâts de vos défauts (ex : si vous êtes vite énervé, en limitant les débats en public ou en soignant la préparation des recadrages de vos collaborateurs, etc.). Sur vous-même l’enjeu est d’ASSUMER, assumer que l’on ne vous changera pas et que l’enjeu n’est pas de vous changer en un être meilleur mais d’agir plus efficacement étant donné vos défauts. Derrière cette subtilité, il y a énormément de bénéfices.

Enfin, puisque la meilleure défense c’est l’attaque, la meilleure façon de faire accepter ses faiblesses est de mettre en avant vos forces décisives. On devient un grand leader non pas en étant bon partout mais en étant excellent sur certaines qualités, et en utilisant ces qualités au maximum.

La série BD « Quai d’Orsay », que nous vous conseillons ardemment et qui raconte la période de Villepin au Ministère des Affaires Etrangères avant la seconde guerre d’Irak, en est un exemple parfait. Obnubilé par sa propre personne, croyant qu’un coup de stabylo peut bouleverser le monde et changeant d’avis en permanence, le ministre est néanmoins un leader respecté par toute son équipe. Charisme, courage et dynamisme exacerbés aidant, il fédère ses conseillers de gauche comme de droite qui le critiquent bien sûr, mais donnent aussi toute leur énergie pour écrire les 125 versions d’un même discours, qui finira par marquer l’Histoire un 14 février 2003 aux Nations Unies.

La recherche de perfection est paralysante. Et nous rendons hommage à tous les managers qui assument leurs défauts et s’en font un tremplin pour avancer et changer les choses.

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