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L’optimisme : caricature ou art de vivre ?

L’optimisme : caricature ou art de vivre ?
L’optimisme : caricature ou art de vivre ?

/Interroger sa posture managériale

Dans l’épaisseur d’une morosité ambiante portée comme un fardeau par l’Europe vieillissante, certains acteurs du monde politique et économique jouent la carte de l’optimisme.

Projetant un avenir radieux, interprétant le moindre signe comme la preuve flagrante d’une reprise en marche, ils provoquent des sourires railleurs et des répliques sarcastiques. Entre enthousiasme et méthode Coué, que faut-il donc penser de l’optimisme comme mode de management ?

 

L’optimisme, une posture suspecte

La majorité des économistes font la course à qui prédira l’avenir le plus noir pour l’Europe et le monde.

De tous temps, l’optimisme a généré de la méfiance, voire du mépris. Incarné par Pangloss dans le « Candide » de VOLTAIRE, les optimistes sont vus comme des naïfs ou bien des lâches, refusant de se confronter aux problèmes et aveuglés par une vision bornée du monde qui les entoure. 

A contrario, les pessimistes ont bonne presse car ils offrent un exutoire à nos paniques, à nos phobies qui dans nos sociétés actuelles sont toujours plus nombreuses.

Les ouvrages disséquant la crise, ses drames et ses futures répercussions font recette, la majorité des économistes font la course à qui prédira l’avenir le plus noir pour l’Europe et le monde.

En entreprise, c’est la même chose. L’optimisme est suspect car il est interprété souvent comme une faiblesse. Ainsi un manager plein d’optimisme génère souvent les réactions suivantes : 

  • « Il ne prend pas la mesure de la situation… » : l’optimisme est vu dans ce cas comme un défaut d’analyse, une faiblesse intellectuelle.
  • « Il nous ment ! » : l’optimisme est jugé manipulatoire, un artifice de communication pour abrutir les équipes et cacher la vérité.
  • « Il se ment à lui-même… » : l’optimisme dans ce cas serait un déni de réalité, un manque de courage face à une situation qui nécessiterait d’agir avec fermeté.

Et si nous sous-estimions les vertus des optimistes et de l’optimisme ? 

 

Un outil indéniable de mobilisation

Dans son livre « L’éloge de l’optimisme » paru en 2010 chez Saint-Simon, Philippe GABILLIET met en exergue cette valeur et sa capacité à faire bouger le monde.

Dans cet ouvrage, nous comprenons qu’il est souvent très facile d’être purement réaliste. Voir la situation telle qu’elle est et imaginer les solutions les plus logiques pour y répondre, voilà qui semble inattaquable. Par exemple : ma société vit une situation économique compliquée, il est donc logique de mener une politique de réduction drastique des dépenses et d’engager dans mon équipe un manager qui saura mener cet effort avec rigueur et fermeté .

  • L’optimisme, c’est d’abord la capacité à croire en ses chances, à rendre possible que les choses se passent comme on le souhaite. L’optimisme est donc d’abord forgé d’Ambition.
  • Il comprend aussi la capacité à donner du souffle à son projet, à mettre en route une dynamique positive qui valorise les idées les plus simples qui vont dans la direction de l’amélioration, à autoriser l’erreur sans s’y attarder. L’optimisme, c’est aussi l’enthousiasme.
  • Il nécessite enfin de croire dans les capacités de l’autre à réussir, à surmonter les difficultés. En cela, il propose un autre regard sur les faiblesses et les problèmes, qui deviennent des occasions de progresser. L’optimisme, c’est donc également de la confiance. 

Il ne suffit donc pas de vouloir être optimiste, il faut savoir l’être !

Abordons donc l’optimisme non plus comme une posture facile, naïve, mais voyons le côté exigeant et courageux de la démarche, et surtout sa capacité à créer de la mobilisation. L’optimisme bien employé peut et doit être contagieux.

  

Etre optimiste, ça s’apprend

L’optimisme n’est pas seulement un état d’esprit, c’est aussi une manière d’analyser une situation, de communiquer, de décider, de construire. Il ne suffit donc pas de vouloir être optimiste, il faut savoir l’être !

Pour cela, quelques axes de travail :

1. Assumer son envie personnelle. Nous avons tous en nous trois manières de voir les difficultés : avec l’analyse neutre des faits, avec la peur de ce qu’elles pourraient entraîner, avec la confiance en notre capacité à les vaincre. Etre un manager vous oblige à exprimer l’une de ces trois visions à votre équipe. Etre un manager optimiste, c’est choisir d’exprimer sa confiance.

Ex : Steve Jobs dont nous parlons dans l’autre article a toujours communiqué sa confiance dans sa capacité à « changer le monde », malgré les peurs et les doutes qu’il a forcément ressentis vus les nombreux obstacles qu’il a rencontrés.

2. Jouer en extension. Comme dans le jeu de Go ou dans la sociodynamique, l’optimisme est basé sur une stratégie de conquête plutôt que de défense. La logique consiste à privilégier l’animation des initiatives au combat des oppositions et à jouer sur la dynamique de contagion.

Ex : Dominique Schelcher, président de Système U, défend en période de crise une attitude de consommation plus responsable, qui pourrait paraitre néfaste à ses propres magasins, mais qui devient un motif de ralliement de nouveaux clients.

3. Assumer de tout regarder avec optimisme, même les difficultés. Le piège dans l’optimisme serait de ne regarder que les côtés positifs et de nier les obstacles, tombant ainsi dans la méthode Coué et justifiant les critiques formulées plus haut dans cet article. L’optimiste doit être lucide et offensif, ne pas nier les obstacles et les difficultés mais au contraire les cerner et faire de leur combat le moteur de l’action, le motif de fierté à venir.

En nous éloignant des poncifs traduisant l’optimisme comme la posture confortable du « tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles », ayons donc parfois – nous aussi – le courage d’être optimiste.

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