Catégorie : optimisme

L’irrésistible Monsieur Trudeau

Il est jeune et peu expérimenté et pourtant il fait l’unanimité (ou presque) dans son pays et ailleurs… Depuis octobre 2015, Justin Trudeau, 1er ministre du Canada, ne cesse de fasciner et de faire parler de lui en prenant le contre-pied de la tendance conservatrice mondiale.  

Il aime le multiculturalisme, il aime la parité, il aime l’ouverture et il accueille les immigrés à bras ouverts. Et cet amour de la diversité il le montre à travers la nomination de son cabinet ministériel : autant d‘hommes que de femmes, des sikhs, des autochtones, des musulmans, des juifs…

Les profils très différents de cette équipe de choc, sont le vrai atout de ce nouveau type de leader : il cherche leur complémentarité autant que leur antagonisme. Justin Trudeau veut une équipe pour co-construire des solutions innovantes mais surtout pour être challengé. Il est convaincu que le mode participatif est l’optimum de la collaboration.

Il appelle ça « le government by cabinet » :  Chaque ministre est libre d’avoir des opinions dans son domaine et de les partager publiquement.  Ils peuvent discuter et tester leurs idées directement avec le public, sans avoir nécessairement eu un consensus du gouvernement avant : c’est du « test and learn » en direct des idées. Le partage de l’information se fait alors même qu’elles sont encore embryonnaires pour tester leur viabilité !

A côté de ça il assume complétement un énorme optimisme, une humilité avec des mea culpa… Bref, vu sous cet angle il semble être le manager idéal !

Sans rentrer dans le détail de ses réformes et de leur succès qui restent discutables, il est évident que son style de management est bon.

Alors inspirez-vous : acceptez la différence dans vos équipes et profitez de la richesse du challenge que cela engendre. N’ayez pas peur de partager vos idées et projets, très tôt avec vos équipes pour les mobiliser.

Et surtout restez optimistes !  

Tintin est un coach génial !

A l’occasion des 110 ans d’Hergé, redécouvrez le magnifique album : Tintin au Tibet. En plus d’être l’un des plus touchants de la série et de confirmer que Tintin au Congo est bien une erreur de jeunesse, cette histoire est une belle leçon de management et d’auto-coaching.

D’auto-coaching d’abord, parce que tout au long de l’histoire Tintin n’écoute pas tous ceux qui lui conseillent d’abandonner la recherche de son ami Tchang qu’il croit rescapé d’un accident d’avion annoncé sans survivant. Il ne s’agit pas de vous conseiller de ne pas écouter les conseils, mais de suivre vos intuitions profondes, vos croyances enfouies. Tintin fait bien de continuer ; parce qu’il a raison (évidemment ;-)) mais surtout parce qu’ainsi il est en ligne avec lui-même. En gardant cette ligne, il parvient à fédérer autour de lui, malgré l’adversité, et il entretient son estime de soi.

De management ensuite, à travers Tchang sauvé par celui que l’on nomme « l’abominable homme des neiges ». Il nous rappelle que les abominables Hommes des bureaux que tout le monde craint sont souvent des incompris qui ont pris l’agressivité comme moyen d’exister. Si vous voulez les sauver, il suffit parfois de les reconnaître pour ce qu’il sont et pas pour ce que l’on dit d’eux.

Pour mieux apprécier Tintin, vous pouvez également vous abonner au podcast « relire tintin » qui retrace en 15 minutes les points essentiels de chaque album http://relire-tintin.lepodcast.fr

 

Laissez de la place aux marginaux

 Pourquoi aime-t-on Marlon Brando ? Et la marquise de Merteuil, Miranda Priestley ou le capitaine Haddock ? Parce qu’ils ont des défauts qui nous les rendent proches, voire des vices que l’on se délecte d’observer… Rien à faire, les gentils tout doux sont moins intéressants. Pourquoi pas en entreprise ?


La gloire de l’imparfait

On le voit bien, dans la littérature, dans la culture populaire, les grandes histoires reposent moins sur des héros tout puissants que sur des méchants ou des seconds rôles marquants. Dans Star Wars, on a même les 2 : les personnages de Dark Vador et Han Solo ont bien plus de saveur que Luke Skywalker, un peu fade.

De même, Obélix apporte de la fantaisie aux aventures d’Astérix, et les histoires de Tintin reposent sur le fait que ses acolytes le freinent : Haddock parce qu’il est alcoolique, Tournesol parce qu’il est sourd et distrait, les Dupondt parce qu’ils sont incapables. Tintin c’est l’histoire d’un personnage parfait qui doit réussir avec des camarades fidèles mais limités.

Bref, si vous voulez écrire une bonne histoire, mettez-y des gens imparfaits, des colériques, des faibles, des bad boys. Parce qu’une histoire avec que des super forts, c’est ennuyeux.

Le parfait, c’est ennuyeux et sans mérite

J.R.R. Tolkien avait bien compris ça en écrivant le Seigneur des Anneaux : il a décidé que le peuple des Elfes comporterait très peu d’individus. Parce que l’aventure conduite par eux seuls aurait manqué de rebondissements, de suspens et d’humour. Hergé également a conçu Tintin pour qu’il passe les plats à des camarades plus savoureux. De même avec les super héros : ce sont les faiblesses du Batman de Nolan ou du Spiderman de Raimi qui les rendent un peu plus intéressants que les autres.

Pourquoi ?

Parce que l’intérêt d’une histoire c’est de voir les gens se surpasser, ou essayer de le faire. À la rigueur peu importe même qu’ils atteignent leur but, comme Arthur dans Kaamelott. L’important c’est qu’ils essayent et se découvrent en le faisant.

Sans faire de la psychologie à 6 sous, on comprend aussi bien que les combats des faibles nous touchent parce qu’ils ressemblent aux nôtres.

Pourtant en entreprise, on défend le lisse.

Ce qui est étrange, c’est qu’en entreprise, on cherche à normer les comportements quoi qu’on en dise. Evidemment, tout le monde vous dira que « la richesse naît de la différence » et qu’il vaut mieux « des équipes mixtes et complémentaires ». Ok sauf que dans réalité :

  • On veut imposer les mêmes valeurs à tous.
  • On n’aime pas les grognons et les râleurs.
  • On se résigne à penser que certaines populations ne pourront pas s’impliquer ou progresser. 

On voit fréquemment des managers s’agacer de la faiblesse de leurs équipes ou tirer à boulets rouges sur ceux qui, malgré certaines qualités, ont un défaut inacceptable selon eux. Le marginal est séduisant à l’écran quand c’est un bad boy à la Brando, mais bien moins en vrai quand c’est le collègue… Pourtant il porte une promesse de progression et la preuve d’une aventure ouverte à tous, et pas un monde uniformisé peuplé de gens qui se ressemblent tous.

Plus pernicieux encore, des managers abandonnent leur croyance, anticipant que la structure ne voudra pas d’eux au naturel. Ce n’est pas de la censure, c’est de l’auto censure.

Les attitudes Corporate, l’excès de politesse, la volonté d’être bien avec tout le monde, la répulsion du conflit sont les ferments d’un corps social de plus en plus aseptisé. Seulement, l’histoire devient ennuyeuse et démobilise, et la différence jaillit rarement mais avec plus de violence (Burn-out, ou violence physique comme chez Air France).

Réhabilitons la marginalité en entreprise

Vos victoires seront belles si elles engagent les plus faibles ; si elles font une place aux bad boys ou plus généralement aux faibles et à ceux que l’on n’attend pas.

Évidemment, je ne tourne pas le dos à la stratégie des alliés, à l’efficacité prouvée. Je dis juste que les alliés ne sont pas nécessairement les gentils et les forts. Ce sont les Frodons, les capitaines Haddock, les inspecteurs Clousot.

Comment les manager ?

Bien sûr, ils sont difficiles à manager. C’est ce qui explique l’écart entre le principe (il faut de tout pour faire un monde) que personne ne conteste frontalement, et la réalité (le moule) qui est si confortable pour tous.

Manager les bad boys et les faibles, c’est orienter leur énergie dans le sens de l’avenir et du bien commun, sans diminuer leur singularité.

A haut niveau, un point au tennis se gagne en jouant près des lignes.

La base du succès avec eux, c’est l’adversité. Si vous cherchez à dompter leurs comportements, vous risquez soit de les normaliser, soit d’échouer et de les braquer. En revanche, si vous les mettez en face de grands défis sans vous intéresser au « comment faire », vous êtes sur le bon chemin. Le bon exemple c’est Will Hunting. Dans cette histoire, le bad boys génial, Matt Damon, est utilisé par le professeur malin, Robin Williams, en le mettant en face de la difficulté mais sans regard sur sa méthode ou son caractère.

Evidemment, il faudra faire preuve d’autorité quand les limites sont franchies comme le fait Astérix quand Obélix va vraiment trop loin.

Mais rappeler vous : à haut niveau, un point au tennis se gagne en jouant près des lignes. Et donc en prenant le risque de la mettre dehors. En entreprise c’est pareil : les grandes victoires s’obtiennent proches des limites du système, en flirtant avec la faute… Et donc en en faisant quelques unes.

Et jouer avec les individus marginalisés, c’est risquer quelques grosses fautes, mais aussi se donner l’opportunité de remporter quelques gros gains.

Daredevil : gagner avec les faiblesses

Connaissez-vous Matthew Murdoch alias Daredevil ? C’est un super-héros Marvel….. Aveugle ! Comment être un super-héros tout en étant aveugle ? Comment compenser son handicap et rester un tant soit peu crédible  ?

Jetez un oeil à la série si vous n’êtes pas en overdose de super-héros parce que la réflexion sur la force et la faiblesse n’est pas inintéressante.
Ce qui nous intéresse ici est notre réaction face à ce handicap. Quel rapport avons-nous face à la faiblesse des autres ? 
 

Bien sûr, nous réagissons différemment face à ce qui nous semble une faiblesse chez les autres, déjà parce qu’elles sont souvent et heureusement plus subjectives que celle de Daredevil.

Certains en n’en tiennent pas compte dans leurs attentes, d’autres justifient à travers elle d’être moins exigeant à leur égard. 
Parfois nous ferons tout pour compenser cette faiblesse, en misant sur les forces et en conduisant l’équipe à grandir en apprenant de ses victoires; petites ou grandes.
D’autres fois au contraire, nous nous cachons derrière cette faiblesse pour nous dédouaner et justifier les difficultés.  « Ah mais c’est compliqué, tu sais, mon équipe se construit, lentement. Il ne faut pas trop leur en demander ». 
 
Paradoxalement, l’intérêt des super héros réside dans leur faiblesse (et oui, sinon leurs histoires serait très courtes et attendues). Batman est sombre et résigné, Spiderman manque de confiance en lui, Ironman est arrogant et superficiel. Ici, nous avons un super héros qui a l’intérêt de nous interroger sur le regard que nous portons sur les faiblesses des autres et sur les nôtres. N’en faisons pas des excuses, sinon c’est l’immobilisme.

Rosetta & Philae, où quand l’Europe arrive enfin à nous raconter une histoire

Ce mois-ci, nous avons une pensée pour les deux héros de l’espace, qui le 12 novembre, en se posant sur la comète surnommée « Tchouri » ont fasciné le monde entier et sorti l’Europe de sa léthargie.

Bien que ce sursaut de fierté européenne soit probablement temporaire, il montre bien une chose : l’importance du conte dans la mobilisation des acteurs.

Sur le fond, cela nous enseigne la valeur de l’Ambition. Il faut viser l’impossible (imaginer envoyer une sonde pour qu’elle se pose, 10 ans et 6 milliards de kilomètres plus loin, sur une comète…) pour susciter une cohésion et une coopération que les lois et les traités échouent à provoquer depuis toujours.

Sur la forme, nous voyons l’importance de donner des histoires à raconter. Celle de Rosetta et Philae est parfaite : des défis immenses, des épisodes qui s’enchaînent (et ce n’est pas fini), des victoires successives.

Résultat : nous avons été, tous, fiers d’être européens comme jamais nous l’avons été. Pourtant d’autres victoires, comme la création du marché commun ou le sauvetage de la Grèce, sont également remarquables. Mais aucune ne donne l’impression d’avoir assisté (et même participé) à une telle aventure.

Si l’Europe, moribonde et décriée – comme elle l’est actuellement – peut générer l’incroyable exploit de nous faire rêver, alors toutes les entreprises peuvent le faire.

Soyons donc audacieux et donnons à nos collaborateurs des histoires à raconter !

Votre Codir est-il une table ronde ?

Codir, Comex, Comag, CD. Peu importe le nom, le comité de direction est l’organe de décision que les entreprises mettent en place pour traiter les sujets stratégiques et transverses… en THÉORIE, car en pratique, ce n’est que très rarement le cas. Dans 80% des cas, le Codir ne fonctionne pas bien. Une malédiction ? Non, un défi managérial ? Sûrement.

Un Codir avec un seul directeur, ce n’est pas un Codir 

Le Codir a un principe noble : celui de rassembler les top-décideurs d’une entreprise, d’un site, d’une filiale pour partager sur sa trajectoire et l’aider à développer une stratégie gagnante à moyen terme. 

Du coup, la réunion Codir ressemble souvent à un triste monologue, à un fonctionnement quasi-monarchique qui ne satisfait personne mais dont tout le monde s’accommode. 

Il est souvent composé d’un directeur général et de ses n-1, managers ou non, responsables des fonctions-clés de l’entreprise. 

Et 80% du problème est déjà là, vous avez au Codir deux niveaux hiérarchiques, et le directeur général est à la fois celui qui prépare les sujets, celui qui les présente en majorité, celui qui pose des questions, celui qui y répond et celui qui arbitre au final.

Du coup, la réunion Codir ressemble souvent à un triste monologue, à un fonctionnement quasi-monarchique qui ne satisfait personne mais dont tout le monde s’accommode. Le DG car il évite la contradiction, les autres car ils n’ont pas à assumer la responsabilité des décisions prises.

Ainsi, l’intérêt du Codir est nul, ou presque. Personne ne dit au DG s’il va dans le mur et les membres du Codir ont du mal à défendre les décisions parfois difficiles qui sont prises dans ces réunions. Résultat : chacun perd 3h par semaine, parfois plus.

  

Un Codir qui pense court terme, c’est un anti-codir

Un Codir, initialement, est un moment où l’on s’extrait du quotidien, de « l’opérationnel » pour aborder des sujets de fond, moyen et long terme, stratégiques. En THÉORIE là aussi. 

En réalité, la majorité des Codir n’atteint jamais cet objectif. Le Codir devient un outil de gestion des affaires courantes, où chacun vient avec ses irritants ou ses priorités du jour qu’il expose à des collègues qui l’écoutent (à moitié, car certains lisent leurs mails en même temps…) pour être sûrs que les actions de l’autre ne menacent pas leurs propres objectifs. 

Difficile de dire que ce problème est un simple sujet d’efficacité, qu’il est question d’animation ou de structuration de réunion. C’est d’abord une question de fond : soit que les membres du Codir sont trop mouillés dans les problèmes court terme (et ils apportent donc ces problèmes dans chaque réunion à laquelle ils participent) soit que la vision long terme est si floue et éloignée de leurs préoccupations que les sujets du quotidien sont une échappatoire naturelle et salutaire.

Manager un Codir est difficile, alors vouloir le faire avec un groupe de plus de 10 personnes est à la fois présomptueux et illusoire. 

Et du coup non seulement le Codir est inutile, mais il est contre-productif. Inutile car il ne permet pas de traiter les sujets pour lesquels il est conçu ; contre-productif car il traite les sujets opérationnels sans impliquer les acteurs de terrain qui, écartés de la prise de décision, sont moins engagés dans leur mise en œuvre.

 

Un Codir pléthorique, ça tue un Codir

L’autre défaut tout aussi problématique, et objectivement moins excusable que les deux autres, c’est le Codir trop nombreux qui rend impossible l’échange, la complicité, la cohésion et l’engagement collectif. Les deux points précédents ont montré à quel point manager un Codir est difficile, alors vouloir le faire avec un groupe de plus de 10 personnes est à la fois présomptueux et illusoire. 

Bien sûr, cela permet de toucher plus de personnes en même temps, bien sûr cela donne un sentiment d’importance aux personnes qui en font partie, une impression de responsabilité. Mais que voilà des avantages bien pauvres en regard des dégâts que le surnombre cause à l’esprit de groupe, à la codécision, à l’ambiance même tout simplement.  

 

Le Codir, c’est une table ronde

Pour faire un bon Codir, travailler la réunion elle-même est un exercice limité. Cela demande beaucoup d’efforts (rigueur dans les horaires, structuration de l’ordre du jour) pour des bénéfices limités dans le temps et dans la portée. Cela ne veut pas dire que cette action est inutile, mais que s’arrêter aux sujets techniques est cosmétique. Le vrai sujet est autour du projet d’entreprise.

Un Codir doit d’abord être DIRIGÉ, non pas par le directeur général mais par le projet d’entreprise. Quels sujets abordés ? Qui porte quels sujets ? Quelles décisions ou actions sont attendues du Codir ? Tout cela doit être issu d’un travail plus fondamental sur la vision d’entreprise. Le court terme ? Il doit tout simplement être exclu de ces échanges en Codir. Pas de tour de table pour évacuer le quotidien en début de réunion, car c’est ainsi qu’il cannibalise tout le temps imparti.  Même la sécurité, même le social, même les résultats de production du jour. Rien que du projet d’entreprise. 

Pour cela, un Codir doit aussi être ADAPTÉ. Il n’est pas interdit de réfléchir intelligemment à la constitution de son Codir, ni d’imaginer que le casting puisse changer en fonction du projet d’entreprise et des priorités fixées. Il n’est en revanche jamais bon de mettre quelqu’un au Codir parce que « son prédécesseur y était », que « tout le monde fait comme ça » ou que, fin du fin, « je ne peux pas ne pas le/la mettre au Codir ». Bien sûr, la dimension humaine est importante et certains seraient choqués d’être sortis du Codir. Cela s’accompagne, et s’accompagne bien mieux si chacun sait quelle est sa place, sa contribution au projet d’entreprise.

Pour ceux qui sont au Codir, leur participation doit enfin être COÛTEUSE, l’inverse d’une place honorifique pour managers en quête de médailles ou de galons. Par les sujets qu’ils animent, par la responsabilité qu’ils doivent assumer sur les décisions stratégiques, par les messages qu’ils doivent porter aux équipes (la leur et les autres), par le niveau d’exigence du directeur sur leur production individuelle, la présence au Codir doit être en elle-même un challenge.

Posez-vous la question : les membres de mon Codir sont-ils concentrés, en tension (pas forcément sous pression) au début d’une réunion Codir ? Si ce n’est pas le cas, c’est que leur participation n’est pas assez engageante. 


C’est la raison pour laquelle nous comparons souvent un Codir à la table ronde du roi Arthur : tout ceux qui ont une place à la table ont un rôle à jouer, chacun s’exprime sur les sujets de tous, sans problème de légitimité. Les places de chacun ne sont pas immuables (il y a plus de chevaliers éligibles que de places). Chacun a des dragons à combattre pour justifier son rang. Et bien sûr, chacun et tous sont tendus vers un même objectif, la quête du graal.

Ne soyez pas parfaits !

Il est étonnant de voir que les managers que nous portons aux nues sont rarement des êtres parfaits : égocentriques, colériques, désordonnés voire carrément fous. Ont-ils plus de défauts que les autres ? Pas sûr. Les assument-ils davantage ? Sans doute. Et c’est là leur force. 

 

Grands leaders = grandes qualités = grands défauts ?

En accompagnant des top managers de grandes entreprises, nous rencontrons des personnes de grande valeur, mais pas des êtres extraordinaires. Ou plutôt nous avons remarqué qu’ils n’étaient pas parfaits… 

Un leader doit savoir utiliser les deux : ses atouts pour gagner, ses défauts pour ne pas perdre (de temps, de confiance, de lisibilité) 

Au-delà de la naïveté de notre croyance voulant qu’il n’y ait que des personnes exceptionnelles à la tête des grandes entreprises, nous avons affiné notre sentiment. Oui, ces leaders ont des qualités rares : de courage, de créativité, d’exigence, d’empathie selon les cas ; mais ils ont des défauts tout aussi remarquables : foutraque ou au contraire d’une rigidité maladive, complexé ou en excès de confiance, habitué des bourdes, etc.  

Nous avons tous des exemples publics de leaders aux défauts abyssaux. De Napoléon à Margareth Thatcher, en passant par Richard Branson, Winston Churchill, Steve Jobs ou Eugène Schueller (le fondateur de L’Oréal), nous avons un catalogue complet de défauts presque caricaturaux.

Peut-être l’un ne va pas sans l’autre, mais je crois surtout qu’un leader doit savoir utiliser les deux : ses atouts pour gagner, ses défauts pour ne pas perdre (de temps, de confiance, de lisibilité) 


Assumer ses défaut, c’est se libérer des contraintes

C’est en essayant de camoufler nos défauts que nous créons des contraintes qui freinent l’action et grignotent la confiance en soi. Les chercheurs en Analyse Transactionnelle ont identifié plusieurs messages contraignants fondamentaux que nous nous imposons.  Notamment ceux-là :

  1. « Sois parfait » : Nous amène à viser la perfection. Comme elle est impossible, nous vivons mal l’échec,  nous sommes déstabilisés par les moindres erreurs et sommes de perpétuels insatisfaits.
  2. « Sois fort » : Nous intime l’ordre de ne pas montrer nos faiblesses, d’être sur la défensive, de nous sentir agressé par la moindre critique.
  3. « Fais plaisir » : Nous pousse à rechercher l’adhésion, le consensus, la sympathie de l’autre plutôt que de regarder à la pertinence de nos actions.
  4. « Fais efforts » : Nous incite à nous justifier en permanence, à prouver que nous fournissons une énergie remarquable… et nous met en obligation de moyens plutôt que dans une obligation de résultats. 

En résumé, ces mots d’ordre que nous nous infligeons pour améliorer notre image nous coûtent du temps, brouillent notre image plus qu’autre chose, nous décrédibilisent parfois. Ils rongent notre leadership en tant que manager.

Bien sûr, le rapport que nous entretenons avec nos défauts est difficile à maîtriser. Tout cela est irrationnel et inconscient. 

C’est en se libérant de ses contraintes, et donc en acceptant d’être imparfait, vulnérable ou vu comme tel, décrié parfois et ne devant rien prouver à personne que par le résultats de nos actions, que nous gagnerons une posture de leader.

Les défauts, on ne les maîtrise pas, on les dompte !

Non, cet article n’est pas un appel à l’autosatisfaction. On peut assumer des défauts ET chercher à s’améliorer ou en limiter les effets néfastes sur les autres. Bien sûr, le rapport que nous entretenons avec nos défauts est difficile à maîtriser. Tout cela est irrationnel et inconscient. 

On devient un grand leader non pas en étant bon partout mais en étant excellent sur certaines qualités, et en utilisant ces qualités au maximum.

Pour commencer, il faut identifier clairement ses défauts. Là-dessus tout existe : 360°, test de personnalité MBTI, coaching, mais aussi retour de son manager. Bien sûr, l’identification de ses défauts est un exercice pénible, émotionnellement. Dites-vous surtout que c’est en les connaissant que vous diminuerez leur emprise sur vous. 

Et si vous croyez déjà les connaître, dites-vous que vous êtes, de votre famille, de vos amis et de vos collègues, celui qui les connaît le moins. Cela demande donc un peu d’humilité et de remise en question. 

Ensuite, il faut en dompter les conséquences sur les autres et sur vous-même. Sur les autres en limitant les dégâts de vos défauts (ex : si vous êtes vite énervé, en limitant les débats en public ou en soignant la préparation des recadrages de vos collaborateurs, etc.). Sur vous-même l’enjeu est d’ASSUMER, assumer que l’on ne vous changera pas et que l’enjeu n’est pas de vous changer en un être meilleur mais d’agir plus efficacement étant donné vos défauts. Derrière cette subtilité, il y a énormément de bénéfices.

Enfin, puisque la meilleure défense c’est l’attaque, la meilleure façon de faire accepter ses faiblesses est de mettre en avant vos forces décisives. On devient un grand leader non pas en étant bon partout mais en étant excellent sur certaines qualités, et en utilisant ces qualités au maximum.

La série BD « Quai d’Orsay », que nous vous conseillons ardemment et qui raconte la période de Villepin au Ministère des Affaires Etrangères avant la seconde guerre d’Irak, en est un exemple parfait. Obnubilé par sa propre personne, croyant qu’un coup de stabylo peut bouleverser le monde et changeant d’avis en permanence, le ministre est néanmoins un leader respecté par toute son équipe. Charisme, courage et dynamisme exacerbés aidant, il fédère ses conseillers de gauche comme de droite qui le critiquent bien sûr, mais donnent aussi toute leur énergie pour écrire les 125 versions d’un même discours, qui finira par marquer l’Histoire un 14 février 2003 aux Nations Unies.

La recherche de perfection est paralysante. Et nous rendons hommage à tous les managers qui assument leurs défauts et s’en font un tremplin pour avancer et changer les choses.

La communauté de l’anneau – codir parfait

Si vous êtes lassé des références quotidienne au rugby, ou au « capitaine dans la tempête », intéressez-vous au seigneur des anneaux. Loin de l’objet culte des geeks (avec Star Wars), l’œuvre de Tolkien est un puits d’enseignements tant son auteur était méticuleux et soucieux de raconter le monde et les hommes dans son univers fantastique.

Ce mois-ci, nous défendons la communauté de l’anneau comme image d’un codir idéal. D’abord parce qu’elle est victorieuse malgré un rapport de force infiniment défavorable ; ensuite parce que cette équipe de gens qui ne se choisissent pas, ont des rôles différents et décident pour tous ressemblent furieusement à un codir.

Que nous apprend ce codir-là ? 

Que ce qui fonde un codir, c’est ce qu’il a à accomplir. Si l’objet de la quête est de valeur et qu’il est partagé par tous, alors il peut même aplanir les inimitiés héréditaires. Cela peut paraître évident mais les codirs ne réactualisent pas leurs ambitions à chaque changement de tête, et bien souvent se contentent de piloter des objectifs et pas des ambitions.

Que les moins forts a priori peuvent détenir la clé du succès si l’on s’appuie sur leur force au lieu d’essayer sans cesse de compenser leurs faiblesses : les hobbits sont utilisés pour leur innocence et pas pour leurs aptitudes au combat. Nous pensons qu’il ne faut pas toujours chercher à ramer contre les courants et concevoir les tactiques en fonction de ce qui est possible dans la réalité.

2 enseignements dont tout codir serait bien inspiré de tenir compte.

ALBUS CONSEIL