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Dragon Ball Z, où comment renouveler l’aventure dans la routine

Dragon Ball Z, le manga culte d’Akira Toriyama fêtait ses 30 ans l’année dernière. Ce manga connait toujours un énorme succès mondial et a même entamé une nouvelle saison à la demande des fans en 2016.

Pourtant, à y regarder de plus près, cette série est terriblement répétitive : même menace, même dynamique, même moments-clés et mêmes techniques de combat.

Beaucoup d’autres œuvres cultes sont basées sur un schéma unique qui se répète quasi indéfiniment : Saga de super-héros, Star-Wars, James Bond.

Mais comment font-ils pour ne pas lasser l’audience ?

Dans Dragon Ball Z, deux ingrédients font merveille, à savoir la gestion de l’échec et la diversité des profils.

Tout d’abord, la relation à l’échec dans Dragon Ball Z est déroutante, la défaite et même la mort ne sont pas vécues comme un coup d’arrêt. Même morts, les héros continuent à s’entrainer, à apprendre et ils peuvent même revenir pour prendre leur revanche. L’absence de sanction en cas de défaite n’enlève pas le suspense car l’excitation est liée à l’apprentissage, au dépassement de soi plus qu’à l’intrigue elle-même.

Ensuite, la diversité des profils a aussi une grande importance, comme d’ailleurs dans toute bonne histoire. Ici, les caractères sont opposés, ce qui crée de la tension permanente mais génère surtout une émulation et une surprise nécessaire dans ces intrigues répétitives. On sait ce qui va se passer mais on ne sait pas d’où viendra la délivrance.

Dans nos entreprises, les actions et processus répétitifs ne manquent pas. Alors pour ne pas lasser les acteurs, appuyez-vous sur les recettes des mangas comme DBZ : focalisez vos équipes non pas sur la réalisation de la tâche mais sur la progression des savoir-faire, changez le rapport à l’erreur et ne stéréotypez pas les profils.  Merci aux Mangas !

Le non-dit, LA cause des crises relationnelles en entreprise

Nous le voyons tous les jours quand nous intervenons auprès d’équipe en crise relationnelle, le non-dit est toujours là, en cause racine. Prenant des formes multiples, datant de la veille ou de plusieurs années, dans une relation bilatérale ou dans toute l’entreprise, nous en venons à croire qu’il serait le facteur 0, celui qui explique tout ou presque. Comment le combattre ?

La crise relationnelle peut venir sans prévenir

Des irritants, il y en a dans toutes les entreprises, c’est tout à fait logique que dans les millions d’interactions qui ont lieu, certaines frottent. Comment imaginer que dans une usine, les rapports entre une Production qui veut sortir ses produits pour tenir son planning et une Qualité qui veut les sortir pour respecter ses normes, tout se passe sans anicroches.

Les conflits aussi sont légion, quand la somme des irritants font se confronter deux personnes ou deux équipes. Soit cela se résout, soit non et les deux services s’ignorent ou se confrontent à répétition. Cela joue sur l’efficacité globale, rien de rare.

Parfois, il y a crise relationnelle. C’est à dire littéralement une rupture d’équilibre brusque et intense dans les relations. Quelle que soit sa durée, son occurrence est très déstabilisante et destructrice de valeur. Une entreprise ne peut mourir des irritants ou des conflits qu’elle abrite mais elle peut mourir d’une crise.

On pourrait penser, comme la pyramide de la sécurité, que plus il y a d’irritants et de conflits, plus la crise est probable mais ce n’est pas notre point de vue. C’est un phénomène de nature différente et sans corrélation.

Les exemples ne manquent pas. Une équipe semble vivre très sereinement et soudain se déchire à l’heure d’un changement d’organisation ou du départ d’une personne. Deux services entretiennent des rapports cordiaux et vivent un aléa « technique » qui vire rapidement à la guerre relationnelle. Un Codir est un peu passif mais tranquille et, sans prévenir, menace collectivement de démissionner si les choses ne changent pas.

Cherchez bien, il n’y a pas de crise relationnelle sans non-dit

Dans tous ces exemples, rien de très visible, que des signaux faibles : des gens qui se parlent peu, des conflits évités parce que l’on ne met pas le sujet sur la table, des critiques étouffées, échangées dans le dos des personnes concernées. Et c’est ainsi qu’insidieusement, la crise se prépare sur une accumulation de non-dits.

C’est un phénomène que nous appelons le carnet de tickets, un ticket étant un reproche que l’on n’exprime pas directement et qui pourrit dans notre poche. Sa conséquence, c’est que les griefs rationnels que nous avions se transforment en irrationnel : procès d’intention, surinterprétations, jugements. Puis naît « l’historique » qui a justement pour effet de nous faire perdre le fil de l’histoire : causes et conséquences de l’histoire se mélangent, on en vient à reprocher à l’autre partie de ne pas avoir répondu à un problème que nous ne lui avons jamais exprimé, etc.

Evidemment, nous n’inventons rien et cela est vrai en dehors de l’entreprise, une crise familiale prend toujours racine dans un non-dit remontant parfois à plusieurs générations.

Comment le combattre ?

On pourrait se dire : super, éviter un non-dit ne suppose aucun outil, aucune compétence, aucune ressource technique ou financière. On a besoin ni de faire un chantier pour repréciser les rôles et responsabilités, ni d’une enquête du personnel, ni d’outil informatique fiable, bref tous les obstacles habituels n’ont pas d’effet ici.

Oui mais… cela demande quelque chose de plus difficile encore : une prise de risque. C’est déjà difficile à obtenir habituellement, c’est plus difficile encore quand c’est un risque lié aux relations humaines. C’est d’ailleurs l’absence de prise de risque qui amène la crise. N’empêche, on ne peut résoudre une crise dans une équipe sans une purge, c’est-à-dire un moment dépassionné où les non-dits sont mis sur la table. L’idée n’est pas forcément de traiter les sujets (c’est souvent impossible au moins en partie) mais de les exprimer et de s’en expliquer. Grâce à cela, on peut enfin regarder devant. 

Ensuite, il faut proposer une cible qui soit de nature à dépasser la crise. Comme cette crise est relationnelle, et donc en partie émotionnelle, il faut une cible qui soit également en partie émotionnelle. Fît donc de la réorganisation, de la redéfinition de fonction, des objectifs cartésiens. Assumez de proposer un projet qui parle aux tripes.

Enfin, pour lancer l’action, prenez en compte le fait qu’une équipe en crise n’arrive pas à se projeter. Un plan d’action à plus de six mois ne peut donc pas être pertinent. Visez le pied dans la porte, les petits pas, bref les 3 premières étapes concrètes qui vont mettre l’équipe à nouveau sur les rails. Ensuite, il sera toujours temps de vous éclater à nouveau avec des plans d’action à n’en plus finir !

Evidemment, le préventif est toujours la meilleure solution

Quitte à vous livrer un poncif, sachez que le mieux pour combattre la crise est d’éviter quelle survienne. Et pour cela, vous pouvez mettre en place des solutions toutes simples pour éviter les non-dits, le carnet de tickets dont nous parlions plus haut. Trouvez le système qui vous convient le mieux pour exprimer les désaccords.

Si vous voulez des idées, vous pouvez les trouver dans wikimanagement.net !

Le feedback positif : plus difficile à dire qu’à faire

On a parfois du mal, en tant que manager, à faire un feedback négatif à un collaborateur de son équipe. Et même si cela est nécessaire on comprend très bien les raisons de cette hésitation. En revanche, beaucoup plus étonnant : on a parfois aussi du mal à faire des feedbacks positifs.


Un élément aussi indispensable que manquant 

Oui, on sait tous que c’est important, que ça motive les personnes qui travaillent bien comme celles qui ont plus de mal, on le voit bien d’ailleurs lorsqu’on est nous-même managé… Donc tout le monde considère que c’est primordial ; et vu le nombre de fois où on entend quelqu’un dire « mon chef ne me dit jamais que c’est bien » on voit bien que ça manque…

Alors si on pense que les feedbacks positifs sont utiles, pourquoi a-t-on autant de mal à en faire ? Parce qu’on pourrait se dire que c’est du masochisme… 


Dans le doute, abstiens-toi

La 1ère raison peut être très lointaine et profonde : c’est le syndrome du père qui ne nous a jamais dit que c’était bien, puis d’une longue liste de managers qui ne nous ont jamais félicités non plus pour nos travaux… Et on reproduit le schéma « moi j’ai fait sans félicitation pendant toute ma vie et je n’ai pas mal fini ; et puis cela m’a permis d’aller toujours chercher à faire mieux… »

il n’y a que Joséphine Ange Gardien qui arrive à décoincer les blocages qu’une personne a depuis 40 ans en 1h30…

Une 2ème raison possible : on peut avoir peur que féliciter les gens pour leur travail les amène à se reposer sur leurs lauriers : « quand ils sont performants c’est juste leur job qu’ils font », « et quand ça ne va pas avec un collaborateur il faut être plus dur pas plus souple. » Mieux vaut donc les laisser continuer de se challenger, en les félicitant on risque d’être contre-productif !

Et cela fait apparaître la 3ème raison possible qui est plus technique : effectivement il y a beaucoup de mauvais feedbacks positifs qui peuvent être contre-productifs ; parce qu’ils sont maladroits et que du coup ils découragent, parce qu’ils sont trop fréquents et qu’au final ils décrédibilisent la démarche. Donc de peur de ne pas paraître naturel dans son feed-back on préfère ne pas en faire. Le mécanisme de cette erreur est subtile : en fait, lorsque vous félicitez, la personne se demande si c’est mérité. Si elle pense que oui, elle va apprécier votre remarque. Si elle pense que non, elle se dira que vous lui mentez ou que vous la manipulez.

Pourtant aucune de ces raisons n’est bonne ; ce n’est pas parce qu’on a survécu à quelque chose qu’il faut réitérer la formule pour les autres, ce n’est pas non plus parce qu’on a peur des conséquences de nos actes qu’il vaut mieux du coup ne rien faire. Mais cela montre que c’est difficile. Il faut apprendre à se dire que l’humain a besoin de s’estimer pour avancer ; et son estime de soi, dans la plupart des cas, dépend de ce que lui renvoie son entourage. Féliciter rend performant, pas oisif. Ne pas féliciter peut décourager et démotiver.

En revanche, la 3ème raison nous rappelle un point essentiel, moins évident qu’il n’y parait : Il faut que la personne ait fait quelque chose qui mérite effectivement des félicitations. Evitez de féliciter un collaborateur pour sa contribution, si vous savez pertinemment que vous avez fait 80% du job. Il le sait aussi et y verra une manoeuvre tactique, dépourvue de sincérité. 

D’accord, mais alors comment on fait pour s’y mettre quand même ?

Il faut apprendre à le faire, petit à petit

D’abord il faut vous dire que comme c’est parfois profondément ancré, cela va prendre du temps et cela demande de la pratique régulière (il n’y a que Joséphine Ange Gardien qui arrive à décoincer les blocages qu’une personne a depuis 40 ans en 1h30…) Il faut alors se le répéter quotidiennement : « Allez, tous les jours je vais féliciter une personne pour son travail ».

Et puis une évidence pas si évidente (parce qu’on n’y pense finalement pas toujours) : commencez par vous entraîner avec des alliés ; choisissez des personnes qui font déjà des choses bien donc avec qui c’est plus simple pour vous de trouver objectivement des félicitations.

Aidez-vous aussi en félicitant des personnes qui pourront vous faire un retour bienveillant sur votre « nouveau » comportement pour affiner votre posture. D’ailleurs faites-en un sujet ouvert « je sais que je ne sais pas faire de feedbacks positifs, je vais essayer de le faire, faites-moi des feedbacks sur mes feedbacks ».

Ensuite n’attendez pas d’avoir un sujet ! Allez voir la personne (alliée), demandez-lui de quoi elle est contente par rapport à son travail et appuyez-vous sur son propre sentiment de fierté pour tirer le fil (voir le livre « Le Manager Minute »).

Vous pouvez aussi vous appuyer sur des outils simples : les tops / flops en début de réunion, un tour de table systématique de ma fierté de la semaine… en plus cela amènera petit à petit à installer une vraie culture du feedback.

Faites ça pendant une semaine et essayez de voir comment vous vous sentez, et surtout observez l’effet que cela a sur votre équipe ; puis recommencez la semaine suivante et observez encore… Et augmentez la difficulté au fur et à mesure, en choisissant des personnes moins alliées… Et ainsi de suite pendant un mois.

Vous verrez au bout d’un moment, cela deviendra plus naturel, vous verrez clairement les effets sur vos collaborateurs, sur vous, sur votre relation manager-managé, et cela pourra même devenir un plaisir !

Etre en retard en réunion, c’est moins grave qu’il n’y parait…

Le retard en réunion est la loi n°1 des réunions réussies ! C’est ce qui agace le plus ceux qui sont à l’heure. Qui irait contester que démarrer à l’heure est une règle d’or ? Et pourtant, si. Non pas que le retard n’ait aucune importance, et la politesse est une valeur importante. Mais traiter ce sujet comme un élément de crispation, un point d’honneur, est la meilleure façon de ne pas le traiter et de rater le morceau de réunion qui vous reste. Voyons pourquoi !


Le retard en réunion, ça m’éneeeeerve !!!!

 

Ca s’appelle le quart d’heure parisien, bourguignon ou aquitain. C’est souvent posé comme une vraie spécificité de cette boîte !

En fait, le retard en réunion est absolument partout, et il énerve passablement dans toutes les entreprises.

D’ailleurs, placardé dans la plupart des salles de réunion, il est souvent en tête des comportements à proscrire… Et nul n’en doute !


Alors, pourquoi est-il si peu respecté ?

Ceux qui ne sont jamais en retard (en réalité peu nombreux) l’expliquent par un manque de respect ou d’éducation…


En fait, le retard est un symptôme qui mérite plus d’indulgence

Je ne crois pas que les gens décident d’être en retard comme ça, parce qu’ils s’en foutent. Dans presque tous les cas, ils essaient de ménager la chèvre et le chou, de respecter des engagements pris à des dates très éloignées, et des projets qu’on leur a imposés, sans concertation, de plusieurs endroits différents.

Et puis il y a la réunion précédente. Elle ne déborde pas par plaisir, et parce qu’on se moque du reste… mais une décision est presque prise et prolonger un peu permettra de ne pas prendre du retard et 1h de plus en calant une nouvelle réunion.

Il y a enfin des déficits de compétences, en animation de réunion, pour cadrer les débats, ou pour les animer de façon habile. Et puis en organisation personnelle parfois, et on peut souhaiter des progrès sur ces points… Mais de là à les exiger séance tenante ? S’améliorer c’est toujours possible, mais c’est rarement facile.

En fait les retards sont le résultat d’une accumulation de causes, dont le stress, les imperfections de la matrice, etc.

La question n’est pas de tout excuser et de justifier l’intégralité des comportements en 10 lignes ; mais avant de monter sur ses grands chevaux et de regarder le sujet comme un principe implacable, blanc ou noir, il faudrait tâcher de comprendre, ou au moins admettre que les gens sont rarement en retard juste pour vous emmerder.

Et pour lequel, les solutions « règles d’or » sont inefficaces

Du coup, les règles, affichées presque systématiquement dans les salles de réunion, n’ont aucune efficacité. Vous imaginez bien que les gens ne sont pas en retard parce qu’ils ont oublié que c’était important d’être à l’heure ! On n’a jamais vu quelqu’un lire ces règles et dire « Mon dieu mais c’est bien sur, j’avais oublié qu’il fallait être à l’heure ! »… ; on n’a jamais vu quelqu’un lire ces règles d’ailleurs.

Plus sérieusement, ces règles ne fonctionnement pas parce qu’elles supposent que la cause des retards et les comportements individuels sont rationnels et qu’une solution rationnelle va y remédier. En fait les retards sont le résultat d’une accumulation de causes, dont le stress, les imperfections de la matrice, etc.

La meilleure réponse aux retards : faites que vos réunions donnent envie, et ne les chargez pas trop. Vous serez un ilot de sérénité dans un océan de stress, et vous verrez, vos participants viendront un peu plus tôt. 

Et donc le traiter avec agacement est triplement contre-productif

D’abord pour les raisons exprimées plus haut : quand vous vous agacez contre votre collègue en retard, il pense « s’il croit que j’ai fait exprès… », « la réunion d’avant, j’aurais bien aimé voir ce qui se serait passé s’il l’avait quittée plus tôt », « j’ai un boulot moi ».

Aussi, en rappelant la règle avec intransigeance, vous vous posez en juge (parent) et vous allez générer un comportement de rébellion proportionnel (enfant). Cette spirale ne risque pas d’améliorer les relations mais il est probable que la fois suivante, votre intransigeance donnera envie de vous mettre à l’épreuve une nouvelle fois… C’est pour le moins puéril, mais ne les avez-vous pas traités comme des enfants

Ensuite parce qu’une réunion qui commence en retard est plus courte :-)…. Brillant non ? Blague à part, une réunion qui commence en retard doit donc être plus efficace… Et la démarrer par une colère et un conflit ne va pas aider. D’autant que votre sujet est en principe un peu plus important que de savoir qui a tort et qui a raison. 

Et puis, le côté tactique de la chose : en gardant votre calme et le sourire, et en démarrant votre réunion avec bonne humeur et concentration, vous donnerez certainement plus envie aux participants de tout faire pour être à l’heure à votre prochaine réunion. Rendez vos réunions chaleureuses, et pas redresseurs de tort. À long terme, vous y gagnerez. C’est d’ailleurs, la meilleure réponse aux retards : faites que vos réunions donnent envie, et ne les chargez pas trop. Vous serez un ilot de sérénité dans un océan de stress, et vous verrez, vos participants viendront un peu plus tôt. 

Enfin, c’est tellement meilleur pour le moral de ne pas s’énerver !

Le Petit Poucet – Ou pourquoi il faut évaluer à l’opportunité

Le Petit Poucet c’est un garçon, tout petit certes, mais qui se sort toujours extraordinairement bien des situations que lui impose la vie.

Mais alors comment se fait-il que ses parents ne voient pas cette énorme qualité et l’abandonnent comme un truc qui sert à rien ?!

Sûrement parce qu’ils l’ont toujours regardé à travers leur propre prisme, ils ont toujours plaqué sur lui des attentes par rapport à leur propre idée de ce qu’un fils devait savoir faire : rapporter du bois, chasser… Alors que le Petit Poucet a un talent d’écoute et d’empathie qui leur paraît inutile pour contribuer à la vie de famille.

Est-ce qu’on ne fait pas souvent cette erreur en management de ne regarder qu’à travers la fiche de poste ? De se focaliser sur ce que les gens devraient savoir faire plutôt que de s’intéresser aux aspects où ils sont très forts ?

Alors quand vous managez, ne réfléchissez pas dans votre coin à ce qu’il faudrait faire pour aider ces personnes à évoluer dans leur travail, demandez-leur plutôt dans quoi ils se sentent forts. C’est comme ça qu’on fait grandir les gens, et pour le Petit Poucet ça aurait pu être utile, au sens propre comme au sens figuré !

Repréciser le « qui fait quoi », un leurre parfait !

Dès qu’un fonctionnement d’équipe ne satisfait pas, les acteurs brandissent le besoin de « repréciser les rôles et responsabilités ». Ça paraît sain, inattaquable sauf que ça demande souvent du temps et que c’est presque toujours inutile. Comme cela nous détourne souvent de la solution, nous l’appelons le leurre parfait.

Repréciser le « qui fait quoi », c’est un réflexe évident et consensuel

Que ce soit lors d’une transformation majeure de l’entreprise, dans les suites d’une fusion ou au cœur d’un conflit dans une équipe, cela revient toujours, mécaniquement, comme un réflexe, de la part de collaborateurs de tous niveaux : « Déjà, il faudrait savoir qui fait quoi dans cette boîte ! » « On veut tout changer, alors que personne ne sait ce que fait l’autre aujourd’hui » « Commençons par repréciser les rôles et responsabilités, on y verra plus clair ».

Si nous étions aux Jeux Olympiques, cette notion serait première, ex-aequo avec le manque de moyens qui lui aussi revient presque systématiquement.  

C’est un peu comme critiquer l’arbitre au foot ou le vent au ping-pong, c’est bien pratique.

Ces deux « conditions d’adhésion » des équipes sont parfaitement logiques, et légitimes, car ce sont deux éléments fondamentaux de l’entreprise, qui ne seront jamais parfaits aux yeux des acteurs et qui sont comme des arbres qui cachent la forêt de tous les autres sujets (qui n’apparaissent qu’une fois que ces deux sujets ont été abordés).

D’ailleurs, la question des moyens se pose aussi bien dans les entreprises florissantes que déclinantes, et la question du « qui fait quoi » autant dans une multinationale que dans une PME de 100 personnes.

Soyons honnêtes, ces deux facteurs sont aussi des boucs émissaires rêvés : d’abord donc car ça pourrait toujours être mieux (donc c’est légitime), ça ne remet personne de l’équipe en cause directement (donc c’est consensuel) et ça explique tout (donc c’est fédérateur). C’est un peu comme critiquer l’arbitre au foot ou le vent au ping-pong, c’est bien pratique.

 

Mais c’est rarement la cause, et jamais la solution

Laissons la question des moyens et concentrons-nous sur le qui fait quoi.

Notre conviction est que ce sujet n’est pas une cause mais un symptôme, et que le « qui fait quoi » devient bloquant aux yeux des acteurs quand la cible n’est pas claire, que la communication n’est pas fluide ou que le management n’est pas suffisamment proche du terrain. Et encore, ce sont là des raisons qui font que les acteurs manifestent de bonne foi le besoin de repréciser le qui fait quoi. Parfois c’est plus pernicieux et cette question peut servir de cheval de Troie, prétexte pour ne pas changer (une façon de jouer la montre) voire pour critiquer un autre collaborateur ou un autre service (« reprécisons le qui fait quoi et nous montrerons ainsi que tel service ne fait pas bien son job »).

Bien-sûr, vous ne pouvez pas facilement balayer la question quand elle se pose mais si vous acceptez de traiter le sujet, vous vous lancez dans une action très chronophage et qui fera à l’équipe l’effet de boire de l’eau après avoir mangé un piment : ça peut soulager un tout petit peu et sur un temps très court, mais le problème reviendra plus fort encore quelques instants plus tard.

Par ailleurs, repréciser le qui fait quoi, c’est figer des choses, rigidifier un cadre alors que dans l’environnement actuel, on a justement besoin d’agilité, de flexibilité, pour élargir le cadre, donner de la place à l’initiative et aux alliés du système.

La solution : résister et remonter d’un cran

Nous conseillons donc aux managers de résister au maximum à ce besoin souvent exprimé mais jamais productif.

Si vous sentez que la question est exprimée de bonne foi, soyez pédagogue. Proposez par exemple à l’équipe de commencer par redéfinir, plus en amont, le « pourquoi on fait les choses » ? Puis le « comment le faire de la façon la plus efficace et sereine possible » ? Et seulement ensuite, si c’est encore nécessaire, vous vous attaquerez au « qui fait quoi ». Il sera soit évident soit inutile de le faire alors.

Eventuellement, si cette demande est formulée de mauvaise foi, dans ce que nous avons appelé une démarche pernicieuse, vous pouvez utiliser la technique du judo : « puisque c’est un sujet, prenez la main et faites-nous des recommandations, pendant ce temps nous nous attaquerons à d’autres sujets. Vous allez ainsi occuper l’initiateur du Cheval de Troie et continuer à avancer avec les autres sans confrontation ouverte.

Et si vous n’avez vraiment pas moyen de faire autrement, ayez à l’esprit de faire cela le plus vite possible. Notamment en essayant de remonter d’un niveau (parler des équipes et non des individus) pour ne pas se noyer dans les détails et garder de la flexibilité au niveau de l’équipe. 

ALBUS CONSEIL