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Leçons managériales avec Malcom

Si vous avez grandi dans les années 2000, vous connaissez forcément cette série. Pour les autres, prenez le temps d’y jeter un coup d’œil ! On n’est pas déformés par notre boulot au point de tout regarder sous le prisme du management (quoique) mais cette série vaut l’exercice : au-delà d’être sympa à regarder, chaque personnage représente de grandes caricatures du management, sans oublier toutefois de leur attribuer de la consistance et parfois même un peu de nuance. 

C’est l’histoire d’un petit gars surdoué en train de basculer dans l’adolescence, entouré d’une famille déjantée. La mère, Loïs, dirige par la peur une famille de 4 garçons ayant pour mission première de la rendre folle. Le père, Hal, survit tant bien que mal entre la furie de sa femme et les fourberies de ses fils. Et les 4 fils redoublent d’originalité pour faire vivre un enfer à leurs frères mais, par-dessus tout, à leurs parents. 

Mais attention, ça n’est pas une simple histoire familiale : cette série fait une critique corsée de la société américaine, sur un ton similaire à celui des Simpson ou de South Park, en représentant à l’écran des personnages touchés par la précarité et ostracisés par le reste de la population. Des personnages qui excellent toutefois dans l’art du « D comme débrouille » et qui ont la force de se sentir au-dessus des regards critiques. 

Pour vous, on s’est donc amusés à décrypter les parents de Malcom, Loïs et Hal, en tant que managers. Et qui sait ? Peut-être que vous vous retrouverez dans certains aspects de leur personnalité et que les conseils qu’on va donner à ces personnages pourront vous filer un petit coup de pouce à vous aussi ! 

 

Lois, une manageuse autoritaire mais humaine

 

Dans la série Malcom, on voudrait… la mère ! 

Loïs est caissière dans un supermarché où il est de commune mesure de virer sans vergogne ses salariés et de les payer au lance-pierre. Mais elle est toujours à l’heure, irréprochable et surtout impossible à soudoyer, même avec une promotion qui pourrait lui changer la vie. Bien qu’elle n’occupe pas un poste de manageuse, on s’intéresse à Loïs parce qu’on peut le dire : elle sait manager son patron, ses collègues, son mari et ses fils. 

 

Si elle était manageuse dans votre entreprise

Loïs serait une vraie boss : ne se laissant jamais marcher dessus, elle fixe des objectifs adaptés à chacun, elle assure le suivi de la mise en place des actions en conséquence et elle excelle dans l’art de recadrer et de sanctionner ! 

C’est aussi une manageuse hyper engagée, ce qui fait d’elle quelqu’un d’investi dans son travail et de passionné pour son équipe. Le problème c’est que, parfois, cet engagement peut lui coûter et l’empêcher de prendre du recul sur les personnes qui l’entourent. Elle est exigeante et s’attend à ce que tout le monde le soit, tout le temps, et elle se fatigue beaucoup à l’expliquer. 

Toutefois, cette partie de sa personnalité est contrebalancée par les prouesses dont elle peut faire preuve en tant que coach. Elle est animée par les progrès que peuvent faire ses fils et s’adapte à leur potentiel, elle n’exige jamais d’eux des choses impossibles à réaliser :

  • L’ainé a été gâté pourri et ne sait rien faire sans sa mère : elle veut qu’il s’en émancipe et le laisse parfois bien galérer pour y arriver.
  • Le second pourrait être qualifié de débile profond : elle l’aide davantage que les autres et le pousse dans ses passions.
  • Le troisième est un génie mais pas lorsqu’il s’agit des interactions sociales : elle l’incite à se sociabiliser et le conseille sur ses relations.
  • Le quatrième est d’une gentillesse qui peut lui jouer des tours : Loïs l’aide à s’endurcir et à sortir du syndrome du sauveur. 

 

Les conseils qu’on pourrait lui donner

A jeter : les excès de colère. On sait que ça n’est pas toujours facile de garder son calme face à un collaborateur exaspérant, désengagé de son boulot et qui ne fait pas preuve de bon sens… Le risque, pour vous comme pour lui, c’est de basculer dans l’acharnement et d’aller jusqu’à faire à sa place pour avancer. La meilleure solution ? Premièrement : respirer un grand coup ! Et puis autorisez-vous à ne pas répondre tout de suite, à prendre du recul et à réévaluer votre demande en vous assurant qu’elle est bien adaptée aux compétences de cette personne. Accompagné d’un peu de lâcher prise, la situation sera beaucoup plus simple à vivre pour vous (et peut-être pour votre collaborateur). 

Une autre parade que vous pouvez utiliser : parlez plus régulièrement de vos frustrations. Ça vous permettra de les aborder plus calmement et d’éviter le côté explosif d’une accumulation de tickets. 

A garder : l’émotion que vous mettez dans votre travail et votre capacité à mettre des défis à la hauteur des qualités de chacun. C’est ce qui fait que vous êtes capable d’animer les incompétents et de leur donner une seconde chance qui pousse l’admiration. Vous vous assurez que chacun d’entre eux détient les billes nécessaires à leur réussite et c’est une force ! 

Vous êtes aussi une boss qui sait recadrer (ça se voit sur votre photo) et vous ne cachez jamais les difficultés, c’est ce qui fait que vos conseils sont justes, sans mauvaises surprises. 

A muscler : votre empathie. Vous en avez, sans aucun doute, sinon vous ne seriez pas aussi douée pour manager les collaborateurs les plus faibles de votre équipe. Mais prendre le temps de leur faire des feedbacks positifs, de les féliciter pour leur réussite, de reconnaitre leurs efforts, rendra les temps de recadrage que vous leur faite d’autant plus significatifs. 

 

Hal, un manager effacé qui est en fait un coach né !

 

Dans la série Malcom, on voudrait… le père ! 

Hal, c’est ce père froussard et absent, bien content que sa femme prenne le mauvais rôle. Il est à peu près là pour les bons moments et, quand il s’agit de remonter les bretelles de ses enfants, il part en courant. Quant au travail ? Si on l’entend en parler c’est parce qu’il a fait une énorme boulette ou qu’il cherche un prétexte pour ne pas s’y rendre. 

Alors pourquoi on vous en parle ? Parce que dans l’épisode 2 de la saison 6, Hal se révèle être en fait un excellent manager et un super coach, capable de déceler chez chacun la petite pépite qui bénéficie au collectif. 

 

S’il était manager dans votre entreprise

Vous seriez sûrement fan de Hal : sensible et dévoué, il n’en est pas moins capable de proposer des ambitions fortes, de fixer un cap et de donner du sens à ce que fait son équipe en lui permettant de se projeter et d’avancer en tant que collectif. 

Grâce à son empathie, il sait déceler chez chacun des bodybuilders de son équipe, la petite qualité qui fait de lui quelqu’un d’unique et de complémentaire au sein du groupe. Il permet à chacun d’entre eux de trouver son rôle et d’être mis en valeur, sans empiéter sur les autres. 

C’est ce qui fait de lui un bon coach mais aussi un véritable leader : savoir se mettre en retrait pour valoriser ses collaborateurs, se mettre dans l’ombre pour admirer celui qu’on a poussé dans la lumière et en faire sa fierté, c’est aussi ça être leader. Pas besoin d’un gros charisme ou d’énormes muscles pour que ça marche ! 

 

Les conseils qu’on pourrait lui donner

A jeter : comme vous êtes coach et que vous avez du lead, cela peut parfois s’avérer difficile de ne pas faire à la place de vos collaborateurs. C’est normal et toujours tentant. Le problème c’est que si vous prenez régulièrement ce rôle, vous vous retrouverez avec des collaborateurs qui pensent qu’ils ont besoin de vous pour accomplir des tâches qu’ils peuvent parfaitement faire d’eux-mêmes. Et vous vous retrouverez submergé par le travail. 

A garder : votre curiosité pour l’autre et le crédit d’intention que vous lui accordez, c’est-à-dire votre capacité à vous dire que la personne que vous avez en face de vous est parée de bonnes intentions. Votre curiosité vous pousse à aller chercher chez l’autre ses qualités et à lui donner sa chance. En partant du principe que chacun a des qualités nécessaires au collectif, une bonté naturelle et une finesse d’esprit, vous donnez à vos collaborateurs toute la confiance dont ils ont besoin pour progresser et s’assumer. Chapeaux bas ! 

A muscler : vos feedbacks négatifs. Vous êtes doué pour dire les choses qui vont bien, et ça n’est pas rien car c’est un exercice plus difficile qu’il n’y paraît. Bien sûr, il ne s’agit pas ici de descendre la personne que vous avez en face de vous mais de parler ouvertement de ses difficultés et de ses axes d’amélioration. D’ailleurs, c’est le fait que vous soyez capable de faire des feedbacks positifs qui fait que ces points auront d’autant plus de sens pour votre collaborateur. En vous appuyant sur des faits concrets et en les accompagnant de conseils pour s’améliorer, il pourra même vous remercier ! 

Si vous êtes particulièrement mal à l’aise sur cet exercice, n’hésitez pas à métacommuniquer, c’est-à-dire à exprimer en toute transparence votre difficulté à faire ce feedback, votre collaborateur sera plus enclin à l’entendre.  

Faut-il vraiment être franc ?

Nous sommes nombreux à nous considérer francs et pourtant, il nous arrive à tous de repenser à des vérités non dites. Sommes-nous des hypocrites ?

J’espère que non et en tout cas, je n’ai pas envie de l’être. Mais la franchise c’est dur et ça peut nécessiter une approche particulière. Voyons laquelle…

La franchise est essentielle pour collaborer

Nous sommes presque tous d’accord pour dire qu’un système ne fonctionne pas sans franchise. Peut-on envisager une collaboration saine fondée sur le mensonge ? Imaginez-vous devoir reconsidérer tous les propos en permanence par peur (ou conviction) de mensonge. De même, pensez à cette personne qui cache toujours ses intentions réelles, exagère en permanence ses hauts-faits ou masque ses erreurs. Vous en avez une en tête et vous soupirez ? Moi aussi. 
 
Si bien que ce bon vieux Kant considère qu’on ne devrait mentir sous aucun prétexte pour une réelle bienséance. Pas du tout extrémiste le bougre…

Mais l’idée est là : sans franchise comment faire confiance ? Comment aider un collaborateur sans lui dire honnêtement où il peut progresser ? Comment faire évoluer une posture sans pointer les bons axes d’amélioration ? Comment aider votre oncle sur son horrible bœuf bourguignon si vous prétendez l’avoir adoré ? 

Mais c’est dur, alors ça en devient rare
 

Mais si nous sommes nombreux à être convaincus de sa nécessité, nous le sommes aussi de la difficulté de l’exercice. 

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’idée de « la collection de timbres » ? Cette idée selon laquelle une personne qui aurait un feedback, un désaccord ou une frustration ne l’exprimerait pas à l’instant T puis accumulerait ces non-dits et finirait par exploser contre un de ses collègues et lui reprocher tous les timbres précédents. Le dit-collègue, ne l’ayant pas du tout vu venir, se plaindra alors : « Mais pourquoi n’as-tu pas été honnête plus tôt ?? » Effectivement, pourquoi ? Pourquoi c’est si dur ? 
 
C’est dur parce qu’on a peur. Peur des réactions. Peur que ce ne soit pas le moment. Peur de ne pas être légitime à donner son opinion. Peur des représailles. Peur d’être exclu. Peur de blesser tout simplement. A tort ou à raison, on associe parfois la franchise au conflit. Parce que les moments où l’on a du mal à être franc sont des moments où cette honnêteté peut être mal reçue. On a généralement moins de problèmes pour dire que le plat était délicieux, ou que le travail rendu était excellent. Encore qu’on a peut-être tendance à l’oublier aussi. Et on peut y voir un lien : si on ne dit pas ce qui est difficile ou en deçà des attentes, comment dire c’est qui est bien ou mieux ? 
 
Mais si on a si peur, c’est qu’on risque peut-être de s’exclure. Auquel cas, c’est peut-être à raison ?

 

Il peut y avoir de bonnes raisons de ne pas l’être
 

Comme toute vertu, utilisée à tort et à travers, elle peut devenir néfaste et la difficulté de l’exercice peut signifier qu’il ne faut pas toujours foncer tête baissée. Cette fameuse intuition, qui rend la franchise si ardue peut en être un indicateur. Elle n’a pas toujours tort et ELLE, elle est franche à tout moment. 
 
Alors non, n’allez pas mentir comme des arracheurs de dents… Mais il arrive de vouloir être honnête pour les mauvaises raisons ou aux mauvais moments.

Les personnes se targuant d’être trop franches ou n’ayant aucun problème à exprimer les vérités difficiles peuvent être violentes. Vous en connaissez sans doute. Celles qui, sous couvert d’honnêteté, se permettent de flirter avec l’agression verbale. Elles n’ont pas peur, elles. Peut-être que de temps en temps elles devraient…

Elles devraient parce que de temps en temps, la franchise n’apporte rien et n’est même qu’un prétexte pour blesser. Annoncer à un de vos collègues que vous trouvez son bébé répugnant n’aura pas d’autres impact que de le heurter. Votre manager a peut-être une coupe de cheveux que vous trouvez franchement ridicule mais ça ne l’aidera pas à améliorer sa posture managériale. A quoi bon être franc ici ?
 
On peut aussi vouloir l’être pour se venger d’une remarque (honnête) qu’on aurait mal prise. Là encore, on peut se demander si la franchise a pour vocation d’aider l’autre ou si elle n’a que pour objectif de nous soulager. D’évacuer une frustration. Se questionner sur l’objectif derrière le partage du message peut aider pour savoir si c’est la bonne chose à faire ou non. « A quoi bon être franc ? »

Mais comment faire quand on doit l’être ?
 

Parfois, on conviendra qu’il faut l’être. Il faut l’être parce que le message peut aider un collègue. Il faut l’être parce que s’épargner la difficulté d’être franc, c’est se passer le message qu’on n’est pas capable de la surmonter, et la prochaine fois sera encore plus difficile. Il faut l’être parce qu’en voulant éviter de blesser un collaborateur on peut lui laisser des œillères qui rendront son travail encore plus difficile. Parfois il faut l’être parce que le bœuf bourguignon de votre oncle est VRAIMENT IMMONDE. Parfois il faut l’être parce qu’avoir peur peut ne pas être une raison suffisante. 
 
Alors on se doit d’être franc, pour nous même et pour autrui. 
Si c’est difficile pour vous, dites-le ! Cela facilitera la réception de l’information par le destinataire. Être franc, c’est aussi l’être sur soi-même. De la même manière, ce petit exercice qui consiste à se demander pourquoi on pense qu’il est important de l’être à cet instant peut être intéressant à partager. Là aussi, on partagera sa gêne, on sera honnête sur son propre ressenti, on déclenchera l’empathie de la personne en face de nous et on agira en faveur d’une ambiance et d’une confiance nécessaire à une franchise efficace.
 
Et si c’est difficile c’est aussi peut-être que le cadre n’y est pas du tout propice et on peut travailler dessus pour favoriser la réception du message. Peut-être que votre entreprise n’a jamais facilité les retours réguliers et que cela aiderait les 2 partis ? Peut-être que vous n’avez jamais créé de relation en amont avec votre collaborateur et que, sans utiliser cela pour se défiler, un autre collègue aura plus de succès dans l’exercice pour éviter un dialogue de sourd et donc permettre l’amélioration voulue ? Peut-être qu’un peu d’humour, sans pour autant l’utiliser pour brouiller le message, rendrait l’atmosphère plus légère et vous aiderait aussi bien-vous que votre interlocuteur ?
 
Malheureusement, l’exercice ne deviendra jamais une partie de plaisir mais la grande méchante franchise paraitra surement un peu moins effrayante et avec un peu de chance, le bœuf bourguignon de votre oncle un peu plus comestible.

Et si on valorisait les fonctions de l’ombre ?

Comment valoriser les fonctions de l’ombre ?

Qu’on le veuille ou non les organisations hiérarchisent les fonctions : il y a les fonctions stars et les autres, ces fonctions invisibles mais sans qui rien n’est possible ! Parmi ces fonctions de l’ombre on pense par exemple à l’IT, à la compta, à la maintenance…Bref, tout ceux sur qui on râle quand ça ne marche pas et dont on banalise le travail (et les victoires !) au quotidien.
Dans cet épisode nous essayerons de trouver des solutions pragmatiques pour aider les managers à valoriser et animer ces équipes, en leur donnant (enfin !) leurs lettres de noblesse !

Manager à l’heure de l’individualisme

Les managers doivent de plus en plus naviguer entre individualisme grandissant (qui plus est à l’heure du post COVID qui pousse davantage à la séparation physique des collaborateurs) et un besoin de communautés structurant. D’autant que malgré les tentations de mettre devant nos intérêts personnels, nous restons des individus sociaux qui ont un fort besoin de communauté pour échanger, nous développer, nous structurer et même nous comparer. Et puis, l’entreprise ne doit-elle pas être ou rester un lieu de vivre ensemble ?

Nous explorerons quelques pistes de solutions pour aider les managers à créer de l’émulation collective avec des espaces d’échange, de la transversalité, et des Aventures collectives à large échelle.

Petite leçon de management Viking

Qui dit soirées confinées, dit : Série Netflix ! 

J’ai attaqué Viking il y a quelques semaines. Viking c’est quand même 6 saisons de 20 épisodes chacune … C’est dire si on n’est pas confiné depuis trop longtemps !

Viking c’est l’histoire de Ragnar Lodbrok, un fermier viking devenu Roi du Danemark grâce à des raids réussis vers l’Ouest. 

Bon, de premiers abords, les vikings et le management on se dit que c’est plutôt à l’opposé : décapitations, humiliations, trahisons, guerres sans relâche … c’est pas vraiment ce qu’on vit en entreprise. 

Et pourtant, Ragnar nous donne une bonne leçon de management, à la viking. 

 

Un chef qui se mouille

Cette série, Viking, n’échappe pas aux règles de bases des séries vikings : il y a de la castagne ! Sur le champ de bataille, les chefs de clans qui se disputent les terres sont de deux sortes : ceux qui regardent de loin leurs guerriers se faire défoncer par les Vikings… et Ragnar, qui part au front, toujours en première ligne, à pied, hache à la main. 

Ragnar est un guerrier, il est courageux et dans les moments difficiles il s’implique autant que son peuple pour le rendre victorieux. Il met les mains dans le cambouis et ne laisse pas ses guerriers affronter les épreuves seuls. 

Mais là où il est fort, c’est qu’il arrive à être à la fois sur le terrain et à prendre le recul nécessaire pendant la bataille pour adapter sa tactique d’attaque : donner d’autres ordres, repositionner des gars, attaquer par l’arrière …

Un chef à la fois proche, solidaire et égal de ses équipes, qui sait trouver les sujets sur lesquels on l’attend en tant que chef : la stratégie de guerre et la tactique de victoire. 

Un manager terrain qui aide et s’implique dans les moments difficiles, sans distinction hiérarchique, mais qui arrive à les piloter et prendre de la hauteur quand c’est nécessaire, pour endosser dans son rôle de chef d’équipe. 

 

Un chef qui laisse s’exprimer les singularités de ses sujets

Lors de son premier raid à l’Ouest, il fait la rencontre d’un prêtre qui le fascine : Atelstan. Il décide ne pas le tuer et de le ramener avec lui en Scandinavie. 

Ragnar décide de le laisser vivre libre dans son royaume : libre de croire en son Dieu, de pratiquer sa religion chrétienne. Il ne cherche ni à le contrôler, ni à le convaincre, il intègre sa différence. 

Déjà, c’est un beau crédit d’intention : Ragnar ne suppose pas qu’Atelstan aura un pouvoir de nuisance auprès des autres. 

Et puis ça a plusieurs effets positifs sur son collectif : 

  • ça évite à Atelstan de pratiquer dans le secret, ce qui inhibe la volonté de révolte;
  • ça amène de la richesse au groupe et ça nourrit la soif de connaissance de Ragnar, qui finit par apprendre quelques prières chrétiennes dans des temps compliqués;
  • au final, Atelstan se sent tellement bien à Kategat, qu’il devient Viking, aussi impliqué qu’un viking de sang, dans la vie quotidienne et dans les combats d’expansion.

En entreprise, on sait que c’est difficile de laisser exprimer la singularité de son équipe. Souvent il vaut mieux que tout le monde rentre dans le moule, on se dit que ça évitera les complications. 

Mais Ragnar nous montre que quand on laisse une grande liberté à quelqu’un de différent qui ne partage pas la même vision du monde que nous, c’est extrêmement riche pour le collectif. 

Il est un chef courageux, ouvert sur le monde qui l’entoure et il donne la possibilité à chacun d’exprimer son libre arbitre …

Un viking moderne, un manager inspirant …

Manager punk

Dans la lignée de notre article de début d’année sur le manager punk, nous nous demandons comment faire exister ses opinions dans un monde qui se norme, dominé par la finance et les process hyper cadrés et comment rester alignés avec ses valeurs, ses convictions quand ce que l’on nous demande de faire s’en éloigne… La réponse est probablement dans une forme de rébellion personnelle, proche du mouvement punk !

* Pour aller plus loin *

// A lire //
Managers, soyez punk
Stop au management par les valeurs

// A écouter //
Punk, génération No Future – France culture – 4 épisodes

// Les extraits //
Georges Brassens – « Mourir Pour Des Idées »
Bernard Lavilliers – « Les Mains D’Or »
Punk, génération No Future – France Culture

La table ronde du management est un podcast produit par Albus Conseil
Au micro : Camille Riou et Patrick Bois.
A la réalisation : Laëtitia Peyre

Die Hard ou Comment ne pas rester sur ses préjugés

On ne sait pas ce que vous vous avez fait à Noël, mais on peut vous dire que beaucoup auront regardé un film classé dans le TOP 5 des films de fin d’année à regarder en famille : Die Hard avec Bruce Willis.


Le pitch du film : John McClane, un flic en perdition déconsidéré par ses pairs, décide de s’inviter à la soirée de Noël du travail de sa femme pour essayer de recoller les morceaux. Il se retrouve au milieu d’une attaque de terroristes et contre toute attente c’est lui et son acolyte, lui aussi déconsidéré, qui vont mettre en déroute les méchants. Par la même occasion il récupérera sa femme ; un bon film de Noël pour redémarrer l’année !

Le parallèle avec le management c’est d’abord un enseignement évident mais toujours utile à rappeler : il ne faut pas juger les gens sur leurs échecs mais sur la réalité de leurs envies et de leurs compétences. A cause de son passé, les chefs de la Police ne veulent pas aider Bruce Willis alors qu’il a les compétences et la motivation, c’est bien pour le suspens mais c’est aussi révélateur des mauvais comportements en entreprise : on juge les gens sur ce qu’ils ont fait et non pas sur ce qu’ils sont prêts à essayer. Dommage.

On voit aussi dans le film les différents leviers de motivation pour engager dans un projet. Dans le film on voit bien que Bruce intervient pour trois raisons : d’abord parce que cela touche à sa valeur de justice, mais aussi car il sait qu’il a les compétences pour agir et enfin, car il a un enjeu émotionnel de tailler, sauver sa femme. VALEUR, UTILITÉ, ENVIE, voilà les 3 leviers-clés pour engager. Le dernier essentiellement émotionnel, est peu voire pas utilisé par les managers. C’est pourtant le plus décisif des trois.

Donc vous aussi vous avez sûrement dans vos équipes des gens au placard du fait d’erreurs qu’ils ont pu commettre dans le passé… En ce début d’année, tentez donc de les remettre en selle en redonnant un sens (émotionnel) à leurs actions, vous serez surpris de la mobilisation que cela va générer.

Entre valeurs bullshit et indicateurs terroristes, comment fait-on ?

Tous les halls d’entrée d’entreprise, physiques ou virtuels, arborent fièrement de grandes valeurs et de belles intentions. Et pourtant, dans la vie quotidienne de ces mêmes entreprises, nous les voyons si peu. Ce qu’il y a de plus étonnant c’est que si on faisait un sondage auprès de ces managers, 90% d’entre eux diraient tenir fermement à ces valeurs. Alors que se passe-t-il pour que les valeurs soient à la fois si portées et si difficiles à appliquer ?


En fait les bonnes intentions, elles glissent entre les mains

Il y a ceux qui en parlent énormément et qui saoulent tout le monde.

Il y a ceux qui arrivent bien à en parler, galvanisent, mais peinent à être à la hauteur des promesses.

Il y a ceux qui aimeraient bien mais qui n’y arrivent pas.

Il y a ceux qui n’y croient plus et pensent que c’est tarte à la crème.

Pourquoi c’est si difficile de trouver le juste milieu entre too much et rien du tout ?

D’abord parce que c’est difficile d’être concret. Si les sujets comme le Talent Management ou l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle sont brûlants, à chaque fois qu’on en parle cela ne mène pas à grand chose ; on reste sur des généralités qui ont du mal à devenir de réelles actions.

Ensuite, c’est la gestion des urgences et la pression des résultats. Tout semble toujours plus important ; le temps file pour répondre aux demandes.


On a laissé dévier les choses et les managers sont pris au piège de l’hyper rationalisation

Les managers sont pris en étau entre 2 grandes forces : les valeurs et les résultats. Et comme la seconde est obligatoire et mesurable, elle l’emporte dans de nombreux cas.

Je vois d’ici ceux qui voudraient répliquer « non mais le respect des valeurs, chez nous, c’est vraiment obligatoire ; on a une étude annuelle pour mesurer comment sont mises en oeuvre les choses et on sanctionne les mauvais élèves ». 

Vraiment ? Avouez qu’à la fin, c’est quand même les résultats qui font les bons et les mauvais. Et que, pour que le non-respect des valeurs soit vraiment éliminatoire, il faut aller très loin.

Alors dans un souci d’efficacité on met des indicateurs sur tout, des process et des systèmes de contrôle de ces process… Et on génère des hyper prudents qui n’osent plus rien tenter. On finit par se méfier des sujets glissants et on les reporte sine die.


Notre avis c’est qu’on prend tout à l’envers

Si les résultats l’emportent toujours c’est parce qu’ils sont court terme, et les valeurs, long terme.

Sans s’en rendre compte on en fait 2 sujets quasi concurrents. Sans s’en rendre compte on laisse les résultats court terme dominer alors que, par définition, les résultats résultent des valeurs. Ils résultent de comment on met réellement les choses en œuvre.

La grande erreur du management du XXIème siècle, c’est de penser qu’il faut piloter les résultats au quotidien et vérifier 3 fois par an (au mieux) que le comment ne dérive pas.

En fait, il faut piloter les résultats 3 fois par an (au mieux) et suivre le comment au quotidien.

Le problème des valeurs c’est qu’on les envisage souvent comme on le ferait de la philosophie : à très long terme et assez déconnectées de la réalité. 

Du coup tout le monde est d’accord mais elles n’ont pas assez d’impact. Si on était plus précis quand on parlait valeurs, si on se confrontait aux choix difficiles, elles nous serviraient enfin à traiter les vraies problématiques.

Par exemple, on parle de pragmatisme. C’est au quotidien que ça se joue, 10 fois par jour, en faisant RÉELLEMENT le 20/80.

Idem pour l‘esprit d’équipe. C’est quand on se demande concrètement comment on fait pour donner des victoires aux autres que ça devient intéressant (et puissant ! ). Qui choisit-on d’aider ? Qu’est-ce qu’on peut raisonnablement donner comme temps, ressources ou énergie ? Et c’est en aidant 100 fois sur des petites choses que ça fait RÉELLEMENT changer les choses.

Il y a quelques outils simples que vous pouvez utiliser pour rendre cela très concret. Par exemple, pour la collaboration, le CO-DEVELOPPEMENT est puissant ! Pour se parler plus ouvertement, les rituels TOP / FLOP en début de réunion sont très efficaces. Pour la créativité, le PIED DANS LA PORTE ou le OUI ET sont des trucs qu’on utilise trop peu.

Choisissez celui que vous voulez, mais faites le SOUVENT !


Et regardez les objectifs à long terme

Quant aux objectifs, on a tout à gagner à ne pas se laisser diriger par eux mais à les piloter avec recul. La recherche de rentabilité à court terme est une stratégie mais il n’est pas écrit qu’elle est gage de performance. Un exemple : Toyota (oui encore Toyota, mais on n’y peut rien s’ils sont bons…) a implanté une usine en Europe qui ne sera pas rentable pendant les 10 premières années. Pourtant, à terme ils tablent sur une rentabilité bien supérieure à celles de leurs concurrents. C’est ce qu’enseigne le jeu de Go pour ceux qui le connaissent : il est souvent plus stratège de perdre quelques batailles en vue de gagner la guerre. 

Et ça peut aussi se décliner au niveau d’un pôle ou service d’un grand groupe: Si vous avez une vision, si vous vous fixez des objectifs à plus long terme pour obtenir de meilleurs résultats, et si du coup vous vous focalisez surtout sur comment y arriver, 1: c’est possible, 2 : ça risque de fonctionner. Alors oui, ça demande d’expliquer vos choix à vos supérieurs, oui ça vous demande de prendre des risques mais au final c’est vous qui risquez d’être gagnant. 

Pilotez vos objectifs sur le temps long… Et le comment sur le court terme !

 

Exemplarité : le diable s’habille en vertu

En voilà une belle de qualité de management qui paraît indispensable et incontestable : l’exemplarité. Sans vouloir tomber dans l’esprit de contradiction, cette valeur nous semble être de ces vertus dont on a largement dépassé la posologie et dont les effets secondaires dépassent de beaucoup les effets désirables.

Au départ, une jolie vérité pleine de bon sens

Évidemment, il est plus logique d’être incorruptible pour combattre la corruption, honnête pour exercer la justice, engagé pour mobiliser une équipe.

D’ailleurs, nous ne sommes pas les derniers pour inciter nos clients à changer eux-mêmes avant de demander aux autres de changer. C’est même une nécessité pour que le changement dépasse la simple incantation.

Alors, avant d’aller plus loin, soyons clairs : nous ne prônons pas la duplicité et nous pensons qu’il est utile d’appliquer à soi-même ce que l’on exige des autres…

Mais l’exemplarité devient vite une petite dictature

Aujourd’hui, en entreprise, l’exemplarité dépasse de beaucoup la petite hygiène personnelle et elle est devenue une valeur. Ce n’est plus qu’on applique à soi-même ce qu’on exige des autres, mais on applique aux autres ce que l’on exige de soi. La nuance est de taille…

C’est l’histoire d’Harvey Dent, Double Face, dans Batman : parangon de l’honnêteté et de la vertu, Harvey Dent devient brutalement un redresseur de torts. Son extrême honnêteté s’est transformée en intransigeance. Pourquoi ? Parce qu’au lieu de garder ses valeurs pour lui-même, il a voulu les imposer aux autres et n’a pas supporté que des compromis soient faits.

L’exemplarité en entreprise, c’est cette belle gueule parfaite qui cache un profil terrifiant. Dès que vous plaquez vos valeurs aux autres, la dictature est proche.


Parce qu’elle est une valeur largement autocentrée

Si l’on regarde la question sous l’angle de la psychologie, on comprend vite pourquoi l’exemplarité est LA valeur qui dérape.

Nos valeurs nous viennent de loin : soit de l’enfance et de l’éducation, soit des événements marquants de la vie. Dans les 2 cas, elles sont profondément inscrites dans notre inconscient. L’individu transige très peu avec ses valeurs ou alors après un douloureux et souvent long travail.

Parmi elles, l’exemplarité est une valeur particulière parce qu’elle en suppose beaucoup d’autres. On n’est pas exemplaire tout court, on est d’une honnêteté exemplaire ou d’un courage exemplaire par exemple. Du coup, en exigeant l’exemplarité, on introduit toute la panoplie de nos valeurs, façon cheval de Troie.

Et vouloir imposer ses propres valeurs à tous alors que nous n’avons pas eu la même enfance, ni les mêmes événements marquants dans notre vie, c’est à la fois autocentré et prétentieux.

L’exemplarité, on peut se l’imposer, et les valeurs, on ne fait que les proposer

 Donc, nous vous conseillons de rayer l’exemplarité des valeurs que vous prônez pour éviter d’imposer aux autres, et sans nuance, vos propres mots d’ordres (cf. les injonctions de l’analyse transactionnelle ). Faute de quoi, vous vous entendrez dire « Pour moi un résultat est juste ou faux, pas de nuance. Mes équipes doivent faire juste » ; « Je suis courageux, mes équipes doivent l’être aussi, sinon ils n’ont pas leur place ». Avec 2 conséquences : d’abord vous nuirez à la motivation, au bien-être de vos collaborateurs et donc à leur efficacité. Ensuite, vous aurez toutes les chances de vous priver de leurs qualités, de leurs valeurs à eux, qui pourraient pourtant apporter une valeur ajoutée complémentaire.

 Comme nous le disions dans un précédent article (cf on ne manage pas avec les valeurs), les valeurs ne sont pas un bon outil de management des autres. C’est une discipline personnelle.

Les valeurs, comme la morale, se proposent modestement. C’est la méthode Victor Hugo, qui évite le sentencieux pour nous faire réfléchir sur les cas concrets de la vie humaine.

Proposées plutôt qu’imposées, les valeurs font alors appel à l’intelligence et critiquées et digérées, elles deviendront des éléments qui fédèrent une équipe.

ALBUS CONSEIL